La mission Artemis 2 autour de la Lune est repoussée à avril 2026

Bill Nelson, le 5 décembre 2024. Crédit : Nasa TV
Lors d’une conférence de presse, le 5 décembre, l’administrateur de la Nasa, Bill Nelson, a annoncé que la mission Artemis 2 qui doit contourner la Lune serait lancée en avril 2026, au lieu de septembre 2025. Artemis 3 glisse à mi-2027.

Le lendemain de la nomination de son successeur à la tête de la Nasa, l’administrateur Bill Nelson a tenu une conférence de presse pour annoncer une mise à jour majeure dans le programme lunaire Artemis. La deuxième mission de la série, la première à embarquer des humains, est repoussée à avril 2026. Jusqu’à présent prévue en septembre 2025, Artemis 2 restait en suspens en raison d’un problème constaté sur le bouclier thermique du vaisseau Orion lors du vol d’essai d’Artemis 1 en 2022.

Les conclusions de l’enquête n’étaient pas encore connues et elles laissaient craindre un retard important pour Artemis 2. En fait, tous les experts engagés sur l’étude du problème (des parties du bouclier avaient été arrachées) sont arrivés à la même conclusion : on peut lancer Artemis 2 avec le même bouclier thermique à condition de modifier la trajectoire d’entrée dans l’atmosphère terrestre au retour de la Lune.

Une nouvelle trajectoire de retour

Le bouclier thermique n’est donc pas la cause du retard annoncé de sept mois. Bill Nelson a précisé que les tests sur les systèmes de support vie de la capsule Orion prendraient un peu plus de temps, toujours dans l’optique de lancer le vaisseau avec toutes les garanties de sécurité pour les astronautes.

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Pam Melroy, administratrice adjointe de la Nasa, a apporté cette précision : la vitesse élevée lors de la rentrée atmosphérique d’Artemis 1 a piégé des gaz chauds dans les couches superficielles du bouclier thermique d’Orion. Cela a endommagé certaines parties du bouclier, qui ont été expulsées, créant ainsi des cavités inattendues. En adoptant une trajectoire permettant un premier freinage atmosphérique, puis un rebond, et enfin une véritable entrée dans l’atmosphère, la Nasa a la certitude d’éviter que cela ne se reproduise.

Ne rien céder à la Chine

En présence de Reid Wiseman, commandant d’Artemis 2, Bill Nelson a pour sa part répété que la mission ne serait pas lancée avant que la sécurité des astronautes soit maximale. « La sécurité est notre étoile polaire, a-t-il insisté. Nous volerons que quand nous serons prêts. Et nous sommes confiants que c’est aussi sûr que possible pour les humains à bord. » 

Bill Nelson a aussi précisé qu’en repoussant Artemis 3 à mi-2027, les États-Unis conservaient une longueur d’avance sur la Chine qui annonce envoyer des astronautes sur la Lune autour de 2030. Comme il le martèle depuis sa prise de fonctions à la Nasa, il a redit qu’il n’était pas question de céder les rares terrains accessibles du pôle Sud lunaire à la Chine.

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L'assemblage de la fusée SLS d’Artemis 2 a commencé dans le Vehicle Assembly Building, dans la mesure où les deux segments inférieurs des propulseurs à poudre ont été mis en place sur la table de lancement. Toutefois, cette opération sera véritablement commencée quand les autres segments seront empilés car ce sont les joints entre ces segments qui déterminent la « date de péremption » de la fusée. Celle-ci est d'un an environ.

Toutefois, cette durée dépend de l'état réel des segments qui est jugé excellent. Ainsi, une extension de six à douze mois est tout à fait possible. Dans tous les cas, les opérations sérieuses pourraient ne commencer qu’au printemps 2025, après que la transition ait été effectuée entre l'actuelle équipe dirigeante de la Nasa, et la nouvelle, sous la direction de Jared Isaacman, qui remplacera Bill Nelson en janvier 2025.

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