Sous la présidence Biden, Jim Bridenstine démissionnera de la tête de la Nasa

Jim Bridenstine en mai 2019 à Washington. © Nasa/A. Gemignani
Suite à l’élection de Joe Biden à la présidence des États-Unis, Jim Bridenstine annonce qu’il quittera son poste d’administrateur de la Nasa.

Jim Bridenstine, l’administrateur de la Nasa nommé par Donald Trump, ne restera pas à son poste sous la présidence de Joe Biden. Il a annoncé lui-même qu’il quittera la tête de la Nasa sous la nouvelle administration, même si on lui demande de rester. À notre consœur d’Aviation Week, Irene Klotz, le numéro 1 de l’agence spatiale américaine déclare en effet :

« Il faut quelqu’un de proche du président des États-Unis, quelqu’un qui a la confiance des administrations, dont l’Office of Managment and Budget, le National Space Council, le National Security Council. Je pense que je ne suis pas la bonne personne pour cela dans une nouvelle administration. […] Cela a été de loin la plus belle expérience de ma vie, et je suis très reconnaissant. Mais je ne me fais pas d’illusion : il y a plein de gens capables d’assurer le rôle d’administrateur de la Nasa. »

Jim Bridenstine, l’administrateur du retour à la Lune

Nommé par le président Trump en septembre 2017 et investi de ses fonctions en janvier 2018, Jim Bridenstine a d’abord suscité de nombreuses réactions sceptiques. Membre du parti républicain, élu de l’Oklahoma et à la Chambre des représentants, son parcours est en effet celui d’un homme politique, pas d’un professionnel du secteur spatial. Il est en outre membre du Freedom Caucus17, un groupe parlementaire très conservateur du Congrès des États-Unis. On lui prête même des positions climatosceptiques, ce qui passe mal dans une administration scientifique. 

Mais Jim Bridenstine va surprendre ses soutiens autant que ses détracteurs. En mai 2008, lors d’un meeting devant ses collaborateurs, il commence par nier son climatoscepticisme : « Je ne nie pas le consensus. Je suis convaincu qu’il y a un changement climatique et que nous, les humains, y contribuons de façon majeure. » 

Puis il prend une série de mesures fortes : l’objectif de poser à nouveau des astronautes sur la Lune, dont une femme, d’ici 2024 par le biais d’un nouveau programme lunaire, certes contesté dans certains rangs, qu’il baptise Artémis. Sous son impulsion, les collaborations avec le secteur spatial privé s’accentuent considérablement. Plusieurs entreprises collaborent de façon significative au programme lunaire (notamment Blue Origin et Space X ont d’ailleurs été choisies fin avril 2020 pour concevoir des atterrisseurs), mais aussi au projet de station lunaire. Et c’est à bord du vaisseau Crew Dragon de la compagnie d’Elon Musk que fin mai 2020, des astronautes s’envolent vers l’ISS depuis les États-Unis, pour la première fois depuis l’arrêt du programme navette. 

Un budget record pour la science

De grandes ambitions assorties de succès, qui n’ont semble-t-il pas amputé le budget du programme d’exploration scientifique. En 2019, Thomas Zurbuchen, administrateur associé et responsable de la science à la Nasa, nous avait confié

« Regardons les faits. Le budget de la science à la Nasa aujourd’hui est de 6,9 milliards de dollars. À la fin de l’ère Obama, il était de 5,5 milliards. Je ne fais pas ici de politique, je m’en tiens aux faits : le gouvernement actuel soutient la science à la Nasa. »

Nous lui avons demandé s’il serait parmi les candidats à la succession de Bridenstine. Réponse : « Je n'ai pas parlé à l'administrateur de ses plans. Donc, je ne peux pas commenter précisément. S'il se retire, un administrateur délégué en activité, exerçant en tant que civil (ce qui est mon cas) serait choisi. Dans les cas récents, cette personne désignée était le directeur des opérations (chief operating officer), un poste actuellement occupé par Steve Jurczyk. »

Si malgré ses premières déclarations, Jim Bridenstine décidait de finalement rester aux manettes de la Nasa, il ne serait pas le premier administrateur à résister aux déménagements à la Maison Blanche. Ainsi Dan Goldin fut administrateur sous George Bush, puis sous Bill Clinton, et enfin brièvement sous George Bush fils.

 

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