L'astéroïde Leona a bien occulté Bételgeuse mais l'étoile semble vouloir garder ses secrets

Bételgeuse est en haut à gauche de la constellation d'Orion. © P. Henarejos
Plusieurs dizaines d’astronomes amateurs et professionnels s’étaient donné rendez-vous, de l’Espagne à la Grèce, pour tenter d’observer la disparition éphémère de Bételgeuse. L’étoile principale d’Orion a bien été en partie éclipsée par l’astéroïde 319 Leona, mais un long travail d’interprétation des données commence.

Arracher les secrets des étoiles n’a jamais été facile. La tâche l'est d'autant plus quand on compte sur un événement de quelques secondes, observable une seule fois depuis un lieu précis. Tel était le défi que posait l'occultation partielle de Bételgeuse, l'étoile la plus brillante de la constellation d'Orion, par Leona, un astéroïde de 68 km de diamètre. L’évènement, censé durer 6 secondes, avait lieu peu après 2 h 15 du matin dans certaines régions du sud de l'Europe. Et il a bien eu lieu ! Plusieurs observateurs ont pu en témoigner.

© Sebastian Voltmer

Toutefois, des passages nuageux sur la partie sud de l'Espagne, de Séville à Alicante, ont rendu aléatoires les observations. Ainsi, l'équipe de l'observatoire de Paris, qui s'était postée à quelques dizaines de kilomètres à l’ouest de Séville, a dû composer avec un voile translucide venu s’interposer devant l'étoile au moment fatidique. Malgré tout, équipés d'un téléobjectif de 100 mm de focale, d'une caméra à grand angle et d'un télescope de 200 mm, les cinq scientifiques ont obtenu des données. Mais, après un examen préliminaire, celles-ci n'ont pas montré d'occultation.

Ce que semble corroborer une série de 32 photos de 1 seconde, prises au reflex numérique équipé d'un objectif de 35 mm de focale, depuis le même site.

Observations positives

Ailleurs en Espagne et en Italie, quelques observateurs ont obtenu des courbes de lumière montrant clairement la chute de luminosité due au passage de l'astéroïde Leona devant l'étoile Bételgeuse. Mais comme celui-ci avait un diamètre apparent plus petit que la supergéante rouge d'Orion, il ne l'a pas fait disparaitre entièrement. Avant toute analyse approfondie, il apparait que ces courbes de lumière chutent et remontent de manière symétrique, sans irrégularité évidente.

Est-ce dû au fait que la surface de l'étoile était parfaitement uniforme ? Seul le gros travail de dépouillement des données qui va commencer pour les astronomes, au premier rang desquels Miguel Montargès, de l’observatoire de Paris-PSL, permettra peut-être de le dire. Pour cela, il faudra réunir toutes les observations positives et exploitables de l'évènement. Pour l'instant, Bételgeuse conserve donc encore ses secrets. L'information qui pourrait être précisée le plus vite concernerait sa position exacte, jusqu'à ce jour mal estimée en raison de son puissant éclat qui a empêché le satellite astrométrique Gaia de réaliser des mesures de haute précision.

 

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