La Nasa retourne explorer Vénus

Crédit : Nasa
Vénus éveille de nouveau la curiosité de l’agence spatiale américaine, qui a annoncé le 2 juin 2021 deux missions à destination de notre voisine. À la clé, une meilleure compréhension de l’histoire de cette planète au destin plus sombre que la Terre.

Bill Nelson, son administrateur, l’a annoncé lui-même lors d’une conférence de presse le 2 juin 2021 : la Nasa a choisi deux missions d’exploration pour aller étudier Vénus, la planète la plus proche de la Terre vers laquelle l’agence américaine ne s’est pas tournée depuis 1989. L’objectif précis est de comprendre comment notre jumelle est devenu le monde inhabitable qu’elle est aujourd’hui, en s’intéressant à son histoire géologique et atmosphérique. Le lancement de ces missions est prévu entre 2028 et 2030, et environ 500 millions de dollars ont été alloués à leur développement.

Une descente vers la surface

Ces projets ont des visées et des méthodes différentes : la mission DAVINCI+ (Deep Atmosphere Venus Investigation of Noble gases, Chemistry, and Imaging) consiste à faire descendre une sphère à travers les nuages acides de Vénus, afin de mesurer la composition de son atmosphère. Ces relevés doivent permettre de remonter jusqu’à la genèse de l’astre, mais aussi de déterminer si un océan s’y est déjà formé. DAVINCI+ doit également communiquer des images hautes résolution des « tesserae » de Vénus, des formations géologiques comparables aux continents de la Terre, et potentielles preuves d’une activité tectonique. Les mesures (dont des images à très haute résolution prises à moins de 5 km d’altitude) devraient durer une heure, le temps de la descente vers la surface.

Schéma de la descente de DAVINCI+ vers la surface de Vénus (environ 60 minutes). © GFSC/Nasa.

Une cartographie précise

La mission VERITAS (Venus Emissivity, Radio Science, InSAR, Topography, and Spectroscopy) consistera à cartographier la surface de Vénus et à la recréer en 3D, à l’aide d’un radar à synthèse d’ouverture placé en orbite autour de la planète. Cette cartographie devrait être bien plus précise que celle effectuée dans les années 1990 par la sonde Magellan. Sa résolution sera de l’ordre de 15 à 30 m contre plus de 120 m pour la mission précédente. L’objectif est de vérifier la présence de phénomènes géologiques actifs tels que la tectonique des plaques ou le volcanisme. VERITAS a également pour but de réaliser une cartographie des émissions infrarouges afin d’analyser la composition rocheuse de Vénus, encore méconnue. Certains éléments techniques seront conçus en Europe, notamment en Allemagne, en Italie et en France.

Vue d'artiste de VERITAS qui, depuis l'orbite de Vénus doit cartographier la planète à travers ses épais nuages. © JPL-Caltech/Nasa

Redécouvrir la fausse jumelle de la Terre

Vénus ressemble beaucoup à la Terre. Comprendre pourquoi notre jumelle, qui a peut-être abrité la vie, autrefois est devenue si hostile pourrait apporter des informations sur notre propre passé, notre présent et notre futur. Mais cela pourrait également permettre d’en savoir plus sur les exoplanètes semblables à Vénus, qui seront étudiées par le télescope spatial James Webb. Les enjeux sont donc multiples, et c’est sans doute pourquoi ces missions ont été préférées aux deux autres finalistes : Io et Triton, satellites respectifs de Jupiter et de Neptune, qui intéressent la communauté scientifique depuis des dizaines d’années.

C’est donc une redécouverte de l’astre qui se profile pour la Nasa, après plus de trente ans de d’éloignement. L’agence va mettre en œuvre les nombreux progrès techniques acquis durant les dernières décennies. Entretemps, plusieurs missions se sont déjà focalisées sur la planète, comme la mission européenne Venus Express entre 2006 et 2014, ou encore la mission japonaise Akatsuki depuis 2015.

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