La fusée européenne Vega-C ne revolera pas avant octobre 2024

Vue éclatée du lanceur Vega-C dont la tuyère du 2ème étage, Zefiro-40, est défectueuse. © ESA/C&E
Une commission d’enquête a jugé nécessaire que l’entreprise Avio revoit la conception de la tuyère de son deuxième étage, le Zefiro-40. Deux nouveaux tests d’allumage sont requis avant le retour au vol de Vega-C, dorénavant prévu au dernier trimestre de 2024.

Ce 2 octobre vient d’être rendu public le rapport d’enquête sur l’incident rencontré par la fusée Vega-C le 28 juin 2023. Son deuxième étage, appelé Zefiro-40, n’avait pas supporté un allumage statique de son moteur lors d’un test conduit par l’entreprise italienne Avio, maître d’œuvre du lanceur léger européen. Cet essai visait à qualifier le recours à un nouveau matériau en composite de carbone (fourni par ArianeGroup), pour remplacer le matériau jugé fautif (fourni par l'entreprise ukrainienne Yuzhnoye) lors de l’échec en vol survenu en décembre 2022.*

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Ciel & espace n°591

« Dès la première seconde, nous avons constaté un début de décollement du col de tuyère [throat insert, en anglais]. À la 40e seconde, un jaillissement anormal de lumière s’est accompagné d’une décompression du moteur », décrit aujourd’hui Giovanni Colangelo, inspecteur général à l’Agence spatiale européenne. Conclusion de l’ESA : le design de la tuyère du Zefiro-40 n’est plus compatible avec le nouveau matériau en composite de carbone, fourni par ArianeGroup. Il doit être changé. En plus de revoir ses modèles numériques, il est aussi demandé à Avio de conduire deux nouveaux allumages statiques avant d’autoriser Vega-C à redécoller. Le premier de ces tests aura lieu « autour du second trimestre de 2024 », d’après Giulio Ranzo, directeur général d’Avio. « Le retour au vol de Vega-C est attendu au quatrième trimestre de 2024 », estime l’ESA.

Dirigeants européens lors de l’annonce des conclusions de l'enquête le 2 octobre 2023. © ESA

Seulement 3 lancements pour l’Europe en 2023

Cette annonce confirme qu’aucune Vega-C ne sera lancée en 2023. En revanche, son prédécesseur Vega doit partir le samedi 7 octobre depuis le Centre spatial guyanais, avec à son bord le satellite thaïlandais Theos-2 et cinq nanosatellites. Ce vol VV23 est l’avant-dernier d’une Vega, moins puissante que Vega-C. En l’absence d’Ariane 6 en retard de développement, ce lancement sera scruté comme le troisième et dernier en 2023, pour une fusée orbitale européenne (après les deux dernières Ariane 5 le 14 avril et le 5 juillet 2023). C’est le plus petit nombre de tirs pour l’Europe depuis 2004, tandis qu’ailleurs les départs de fusées pour l’espace ne font que s’intensifier : 85 pour les États-Unis et 45 pour la Chine en 2023, à ce jour.

À terme, Arianespace compte proposer 4 lancements de Vega-C par an à ses clients. « Avec la possibilité de monter la cadence à 5, voire 6, complète son président Stéphane Israël. Mais avant la hausse de cadence, la priorité pour 2024 reste la fiabilité du lanceur. »

*Voir aussi « Qu’est-il arrivé à la fusée Vega-C ? » dans le n°591 de C&E, page 18

 

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