Troisième échec de rang pour le Starship. Le 27 mai 2025 à 18 h 36 au Texas (1 h 36 du matin à Paris), le neuvième prototype du lanceur ultra lourd de SpaceX a décollé depuis sa base d’assemblage et de lancement à Boca Chica. Neuf minutes plus tard à 150 km d’altitude, son second étage a éteint ses derniers moteurs, terminant de le placer sur une trajectoire suborbitale en direction de l’océan Indien. Les images retransmises en direct par SpaceX ont alors montré que le Starship perdait du carburant dans l’espace, tout en étant empreint d’une lente rotation sur lui-même.
Ce sont les signes d’une perte du contrôle d’attitude du vaisseau, que l’entreprise a confirmé à l’antenne vingt minutes plus tard : « Nous avons une légère rotation. Nous avons eu une fuite dans certains systèmes du réservoir à l’intérieur du Starship ». La rentrée atmosphérique à venir s’annonçant incontrôlable, l’entreprise a opté pour évacuer dans l’espace le plus de carburant possible, dans le but de diminuer la force de la destruction à venir. Celle-ci est survenue autour de 46 minutes après le décollage, lorsqu’à 59 km d’altitude le vaisseau a cessé de transmettre toute communication.
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L’exemplaire immatriculé SN 35 du Starship n’est donc pas parvenu à démontrer la résistance de son bouclier thermique, en dépit des propos d’Elon Musk quelques heures avant le décollage. Au micro du vidéaste américain Tim Dodd, il a expliqué que l’aspect essentiel de la mission était d’éprouver les tuiles de ce bouclier. Une démonstration de rallumage d’un moteur du Starship était aussi prévue dans l’espace. Elle n’a pas eu lieu non plus. Le vaisseau transportait également huit satellites inertes, imitant les Starlink de nouvelle génération. Mais SpaceX n’est pas parvenu à ouvrir la trappe du vaisseau pour les libérer dans l’espace. Le déploiement de milliers de satellites Starlink sur orbite terrestre pour continuer de faire croître la mégaconstellation, et le nombre de ses utilisateurs bénéficiant d’internet par satellite, est l’objectif premier du Starship.
Pas mieux que l'ancien Starship
En n’explosant pas pendant sa phase d’ascension comme ce fût le cas lors du 8ème et du 7ème essai, le Starship a un peu progressé. Mais depuis que SpaceX le produit dans une version « block 2 » légèrement plus volumineuse et plus puissante que la « block 1 », le vaisseau n’est pas parvenu à reproduire l’amerrissage contrôlé réalisé lors des 6ème et 5ème essais.
Le booster Super Heavy lancé ce jour, servant de premier étage au Starship, a plutôt donné satisfaction. Une avancée en termes de réutilisabilité pour SpaceX car ce Super Heavy volait pour la seconde fois, comme 29 de ses 33 moteurs Raptor. Après s’être séparé de façon nominale du second étage, il a pris le chemin du Golfe du Mexique dans le but d’y amerrir en douceur et de façon contrôlée. Mais il s’est désintégré pendant sa descente, peu après le rallumage de ses 13 moteurs centraux. Pour ce vol, SpaceX avait annoncé vouloir pousser le booster dans ses retranchements, notamment en lui imposant de voler « à un angle d’attaque plus grand pendant sa descente vers la Terre » dans le but final d’économiser du carburant.
Musk annule sa conférence
Elon Musk devait faire une allocation publique quelques heures avant le décollage. Celle-ci a été, dans un premier temps, reprogrammée à l’issu du vol d’essai. Mais elle n’a finalement pas eu lieu. « Des fuites ont causé une dépressurisation du réservoir principal pendant les phases de navigation et de rentrée. Plein de bonnes données à analyser » a posté le patron de SpaceX sur son réseau social X. En passe de devenir administrateur de la Nasa, Jared Isaacman y a salué la transparence de l’entreprise, permettant de suivre « les hauts et les bas du programme d’essais ». « Certains se concentreront sur les bas, mais derrière les efforts de Starship […] se dessine une économie spatiale colossale […] Et les bas deviendront un chapitre d’une histoire bien plus longue. »
