Grand entretien avec Sarah Antier : les ondes gravitationnelles, secousses de l'espace-temps

Écouter les frémissements de l’espace-temps et, mieux encore, tenter d’en identifier les sources et les observer, voilà les défis d’une nouvelle astronomie, celle des ondes gravitationnelles, comme l’explique l’astrophysicienne Sarah Antier.

L’histoire retiendra que le 14 septembre 2015, une ondulation de l’espace-temps a été enregistrée aux États-Unis par les deux bras perpendiculaires d’un interféromètre laser, dont l’un s’est allongé, l’autre raccourci. De peu : d’une longueur un milliard de fois plus petite que le diamètre d’un atome. La preuve extraordinaire d’une idée tout aussi extraordinaire, celle de l’espace-temps prédite par Einstein en 1916. Un contenant susceptible de vibrer, à la manière d’un Jelly, ce gâteau anglais en gélatine qui tremble quand on le secoue.

À l’origine de ce tremblement d’Univers, les mouvements d’astres hyperdenses comme les trous noirs ou les collisions d’étoiles à neutrons. Un événement confirmé le 17 août 2017 quand, pour la première fois, un signal gravitationnel et un signal électromagnétique gamma ont été détectés conjointement par les instruments des collaborations européenne (Virgo, près de Pise) et américaine (LIGO).

Une nouvelle fenêtre ouverte sur l’Univers

L’événement, résultat de la fusion de deux étoiles à neutrons, ouvrit une ère nouvelle pour l'astronomie de « multi-messagers », où d’étranges instruments captent les mouvements invisibles des monstres tapis dans l’Univers. Après une pause de trois ans, la traque aux ondes gravitationnelles est repartie en mai 2023.

Pour cette quatrième campagne d'observation depuis 2015, Ligo et Virgo ont gagné en sensibilité et sont rejoints par Kagra, un nouvel instrument japonais. Comment se déforment les étoiles à neutrons ? Comment dansent et tournoient les trous noirs avant de fusionner en un seul ? Les questions surgies d’une nouvelle fenêtre ouverte sur l’Univers ne manquent pas. La passion de celles et ceux qui regardent à travers, non plus, Sarah Antier en témoigne.

L’invitée :

Sarah Antier est astronome adjoint au laboratoire Artemis de l'Observatoire de la Côte d'Azur. Lauréate 2018 de la bourse L’Oréal-Unesco, elle étudie les sources d’ondes gravitationnelles et leur signature électromagnétique, ainsi que la manière dont l'univers synthétise ses éléments les plus lourds. Elle est aussi l’instigatrice du réseau GRANDMA, 25 télescopes répartis dans 20 observatoires, 29 instituts, plus de 70 scientifiques qui partagent le même objectif : détecter et caractériser les contreparties visibles des sources d’ondes gravitationnelles. Elle a mis en place une collaboration avec les astronomes amateurs pour optimiser les chances de découverte.

Ce grand entretien de Ciel & espace est réalisé en partenariat avec le Club des chercheurs de la Fondation Victor Lyon de la Cité internationale universitaire de Paris.

Recevez Ciel & Espace pour moins de 6€/mois

Et beaucoup d'autres avantages avec l'offre numérique.

Voir les offres

Nous avons sélectionné pour vous

  • Deux Chinois sur la Lune en 2029, la date se confirme

    L’écart se resserre entre la Chine et les Etats-Unis dans course au pôle sud lunaire. Selon des officiels chinois, tous les voyants sont verts pour que deux astronautes de l’Empire du Milieu foulent le régolite en 2029. Dans le même temps, la mission américaine Artemis 3, prévue pour déposer des humains sur la Lune fin 2026, pourrait encore glisser…

  • La nouvelle voile solaire de la Nasa sera-t-elle la bonne ?

    Passé les échecs des missions NEA Scout et Gama Alpha, une nouvelle voile solaire vient de gagner l’espace. Faite d’un matériau novateur, ACS3 a pour objectif de naviguer en domptant la pression du Soleil.

  • La Nasa réussit à rétablir le contact la sonde Voyager 1… mais pour combien de temps ?

    Lancée en 1977, la sonde Voyager 1 donne des signes de faiblesse. Depuis fin 2023 les messages qu’elle envoie vers la Terre sont vides de sens. Si la Nasa a en partie réparé l’anomalie, elle bataille pour maintenir le vaisseau en vie. Il faut pour cela se replonger dans les langages informatiques de l’époque…