Il y a très probablement trois planètes en orbite autour de l’étoile Proxima du Centaure. L’équipe menée par l’astrophysicien João Faria dévoile la découverte de Proxima d dans une étude publiée le 10 février 2022 dans Astronomy and Astrophysics. Si elle est confirmée, cette planète rocheuse s’ajoutera aux deux autres déjà repérées autour de notre voisine : Proxima b en 2016, et Proxima c en 2020. Ce système, située à un peu plus de 4 années-lumière de la Terre (une année-lumière = 10 000 milliards de kilomètres), est le plus proche du Système solaire. L’exoplanète possède des caractéristiques particulières : une masse bien inférieure à celle de la Terre et une orbite très serrée autour de son étoile.

Une infime oscillation de Proxima du Centaure

Proxima d a été découverte grâce au Very Large Telescope (VLT), installé au Chili. Et plus particulièrement grâce à son spectrographe à grande précision : l’instrument Espresso (Echelle SPectrograph for Rocky Exoplanets and Stable Spectroscopic Observations).

« Nous avons utilisé la méthode des vitesses radiales pour observer Proxima d. La précision d’Espresso et du VLT a permis de réaliser une spectrographie des interactions gravitationnelles entre la planète et l’étoile, chacune gravitant autour d’un centre commun », précise Mario Damassa, qui a participé à la découverte. Cette méthode a permis de déterminer l’influence gravitationnelle exercée par Proxima d sur Proxima Centauri, l’étoile effectuant un léger mouvement estimé à 40 centimètres par seconde autour du barycentre partagé avec l’exoplanète.

« Proxima d », Mercure bis ou super Mars ?

La découverte de Proxima d est le fruit d’un travail long d’environ deux ans. L’exoplanète est la plus proche de son étoile révélée à ce jour, orbitant à quelque 4 millions de kilomètres de l’astre. Comparativement, Mercure est à 58 millions de kilomètres du Soleil. Les caractéristiques géologiques de la planète sont encore méconnues, mais elle serait un corps rocheux dont la masse n’atteindrait qu’un quart de celle de la Terre. Selon Mario Damassa, elle pourrait être sujette à un flux important de radiations dû à sa proximité avec Proxima Centauri.

« Cette exoplanète est bien différente de celles du Système solaire. Avec seulement un quart de la masse terrestre, Proxima d se révèle 2,5 fois plus massive que Mars et 5 fois plus que Mercure. Elle est verrouillée sur le plan gravitationnel, ce qui fait que l’une de ses faces est exposée à l’étoile en permanence. Proxima d est aussi 10 fois plus proche de Proxima que Mercure du Soleil, et boucle sa révolution en seulement 5 jours », expose Alejandro Suarez Mascareño, de l’Institut d’astrophysique des Canaries, co-auteur de l’étude.

Pour João Faria, l’étude de ce nouveau monde ne fait que commencer : « Nous allons continuer à étudier Proxima Centauri et son système planétaire. D’autres instruments comme l’Extremely Large Telescope (dont l’inauguration est prévue en 2025) seront en capacité d’étudier et analyser les atmosphères de ces mondes lointains, afin d’en apprendre plus sur leurs caractéristiques. »

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