Deux familles de comètes autour de Bêta Pictoris

Vue d'artiste des comètes identifiées autour de l'étoile Bêta Pictoris. Crédit : ESO/L. Calçada

Une équipe d'astronomes français a mis en évidence deux populations distinctes de comètes autour de l'étoile Bêta Pictoris, à 63 années-lumière de la Terre.

Les astronomes ne se contentent pas de détecter des planètes en dehors du Système solaire. Ils détectent aussi des comètes ! « Nous observons la coma d'une comète lorsque celle-ci passe devant son étoile, précise Alain Lecavelier, co-auteur de la nouvelle étude. La coma est le nuage de gaz qui s'étend sur plusieurs centaines de milliers de kilomètres autour du noyau ».


Une population de 500 comètes

En analysant les archives de 2003 à 2011 du spectrographe HARPS, un instrument capable de décomposer la lumière des objets et installé sur le télescope de 3,60m de l'observatoire de la Silla (Chili), les astronomes ont étudié une population de 493 comètes du système de Bêta Pictoris. L'analyse de leur lumière au moment de leur transit (c'est-à-dire lorsqu'elle passe devant l'étoile) leur a permis de déduire plusieurs caractéristiques, notamment la taille et l'orientation de leur orbite, ainsi que leur taux d'échappement.


Des comètes vieilles...

« Nous avons ainsi pu conclure à l'existence de deux familles distinctes, détaille Alain Lecavelier. La première famille est constituée d'objets plutôt vieux, qui sont déjà passés plusieurs centaines de fois près de l'étoile et ont donc quasiment épuisé leurs réserves de gaz, poursuit le chercheur. Les orbites de ces objets indiquent qu'elles sont en résonance (c'est-à-dire en interaction) avec une planète massive. Or, en 2008, l'équipe d'Anne-Marie Lagrange a justement photographié une planète de type Jupiter autour de Bêta Pictoris. Il est fort possible que ce soit elle qui attire les comètes près du Soleil, et donc les épuise ».

Bêta Pictoris et sa planète

Cette image est composée de deux photos prises en 2003 et en 2008 montrant la planète géante de Bêta Pictoris de part et d'autre de l'étoile. Crédit ! ESO/A-M Lagrange.


Et des plus fraiches

Quant à la deuxième famille, elle serait composée de morceau d'un même objet de plus gros calibre, qui ce serait fragmenté. « Les corps sont caractéristiques de ce scénario : ils ont tous une orbite très similaire, avec la même orientation. Par ailleurs, ils ont un taux d'échappement bien supérieur à celui des membres de l'autre famille, comme si du matériau frais avait été récemment exposé ».
« Voilà près de trente ans que l'on observe des exocomètes dans le système de Bêta Pictoris, mais ces observations restaient controversées. Cette nouvelle étude, en plus de dessiner deux familles, vient définitivement faire taire la controverse, conclut Alain Lecavelier ».
Les résultats de cette étude sont publiés dans le journal Nature daté du 23 octobre.

Recevez Ciel & Espace pour moins de 6€/mois

Et beaucoup d'autres avantages avec l'offre numérique.

Voir les offres

Commentaires

Nous avons sélectionné pour vous

  • Les trous noirs sont en une du Ciel & espace 595, en kiosque le 15 mai

    Au sommaire du magazine Ciel & espace de juin-juillet 2024 : les trous noirs tout proches de nous ; la bataille des géants entre l’ELT européen et le TMT américain ; l’abbé Lacaille, l’explorateur du ciel austral ; le test de la lunette Askar FRA400…

  • Télescopes géants : l’Europe décolle, l’Amérique s’enlise

    C’est désormais une évidence : dans quelques années, le plus grand télescope optique du monde sera européen. Et non américain, comme cela a longtemps été le cas. Ce revirement découle d’aléas, mais pas seulement. La stratégie différente de financement aux États-Unis et en Europe joue aussi un rôle important.

  • Le départ du Starliner de Boeing à nouveau reporté

    À deux heures de décoller, un problème survenu sur la fusée Atlas 5 au sommet de laquelle se trouvait la capsule habitée Starliner a imposé le report de son voyage vers l’ISS. Rendez-vous le 10 mai 2024 au plus tôt pour un nouveau départ.