Dès ses premiers essais sur le ciel, le tout nouveau télescope de l’observatoire Vera Rubin a démontré ses performances : en seulement 10 heures de poses photographiques, réparties sur sept nuits, les astronomes qui l’utilisent ont eu la satisfaction d’avoir détecté plus de 4000 astéroïdes, dont 2104 nouveaux !
Le plus grand nombre de ces petits corps appartiennent à la Ceinture d’astéroïdes, située entre Mars et Jupiter. Une minorité est faite de troyens de Jupiter, de transneptuniens et de géocroiseurs proches de la Terre considérés comme non dangereux. Plus de la moitié sont nouveaux ou simplement déjà observés, mais toujours désigné par un matricule provisoire car leur orbite n’est pas suffisamment connue.
6 millions d'astéroïdes en 10 ans
Cette myriade d’objets observés en très peu de temps est une preuve des grandes capacités de l’observatoire Vera Rubin. Son télescope, le Simonyi Survey (ex-LSST), est doté d’un miroir de 8,4 m de diamètre et d’un capteur très grand champ capable de voir d’un seul coup 1° carré du ciel, soit la surface de ciel qu’occuperaient 47 Pleines Lunes.
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Jusqu’ici, vingt mille astéroïdes sont découverts chaque année grâce à des observatoires terrestres et des télescopes spatiaux. Le Simonyi Survey Telescope promet donc d’ajouter de nombreuses prises dans le Système solaire, et même au-delà si l’on considère les objets interstellaires comme Oumuamua. D’après les astronomes, le SST serait capable de détecter 500 000 nouveaux objets dans les premiers mois et 6 millions au cours de son programme de 10 ans, le Legacy Survey of Space and Time.
2104 objets nouveaux ou entièrement nouveaux
Parmi les 2104 objets identifiés, se trouvent de nombreux objets nouveaux. Mais tous n’ont pas été « jamais vus auparavant ». Il est bien trop tôt pour l’affirmer. « On ne peut pas remonter dans le temps et essayer de faire correspondre l’objet récemment observé tant que son orbite n’est pas suffisamment connue pour permettre cette extrapolation», commente David Tholen, de l’université d’Hawaï, codécouvreur de l’astéroïde géocroiseur Apophis. Dans le cas des détections de l’observatoire Vera Rubin, l’astronome ajoute : « Au moins trois de ces astéroïdes “inédits” sont déjà connus. Parmi eux, 2022 CJ2 et 2022 SM20 découverts il y a trois ans. »
Le chercheur explique par ailleurs : « On considère que nous avons découvert Apophis le 19 juin 2004. Mais des observations complémentaires dans les mois qui ont suivi ont permis d’extrapoler sa trajectoire passée et de montrer que le télescope Spacewatch pointait dans la bonne direction pour l’avoir vu en mars 2004. Mais en dessous du seuil [de luminosité minimale, NDLR] pour pouvoir permettre une détection automatique d’Apophis à ce moment ». Par conséquent, les 2104 nouveaux petits corps annoncés comprennent bel et bien à la fois des objets “jamais vus” et des objets déjà vus mais sans orbite connue.
Vidéo : l’annonce par le Rubin Observatory.