Vos premières cibles célestes avec l’instrument d’astronomie trouvé au pied du sapin

Les premières cibles pour votre nouveau télescope. Vue d'artiste : O. Hodasava/C&E
Dans la nuit du 24 au 25 décembre, de simple curieux du ciel, vous êtes devenu un astronome amateur potentiel. Car vous avez eu en cadeau une lunette ou un télescope. Reste à devenir vraiment un astronome amateur en utilisant pour la première fois cet instrument. Voici quelques conseils et une liste d’objets à viser en cette fin d’année 2025.

Cette fois, ça y est, vous l’avez : au pied du sapin, en cette nuit du 25 décembre, un gros paquet cadeau contenait la lunette ou le télescope que vous convoitiez tant depuis des mois ! Une fois déballé, il faut l’utiliser. L’instrument, si beau soit-il, n’est pas fait pour être observé ; il doit servir à observer ! Par chance, le ciel est dégagé en cette nuit si particulière (oui, nous sommes optimistes). Au terme d’un temps de montage le plus court possible, l’instrument est enfin prêt à recevoir ses premiers photons en provenance de l’Univers. Dans le langage des astronomes, on appelle cette première sortie sous les étoiles la « première lumière ».

Quelques conseils au préalable

Une recommandation avant de vous lancer : que vous ayez une lunette ou un télescope, que son tube soit fermé ou ouvert, votre instrument vient de l’intérieur. Il se trouve donc à une température ambiante voisine de 20 °C. Or, dehors, il fait bien plus froid. Cette différence importante de température va vous jouer un mauvais tour si vous décidez de coller l’œil à l’oculaire sans attendre. La chaleur dégagée par le tube va engendrer des mouvements d’air qui vont brouiller les images. Vous aurez l’impression que votre instrument voit flou. Bref, qu’il ne marche pas !

Pour éviter cet inconvénient, la bonne stratégie est de placer l’instrument à l’extérieur et d’attendre au minimum une heure, pour observer le ciel dans des conditions correctes.

Si vous observez par une fenêtre ouverte, coupez le chauffage, fermez la porte de la pièce pour l’isoler du reste de l’habitation pendant une heure pour égaliser la température avec celle du dehors. Cela limitera les turbulences locales.

Petit grossissement = maximum de luminosité

Second conseil : utiliser d’abord le plus petit grossissement disponible. Celui-ci dépend de l’oculaire que vous allez choisir. Sachez que le grossissement se calcule en divisant la longueur focale de l’instrument par celle de l’oculaire. Par exemple, un oculaire de 20 mm utilisé au foyer d’un instrument de 800 mm de focale donne un grossissement de 40 fois (40 X). C’est très bien pour débuter.

Un tel grossissement vous facilitera la tâche, quelle que soit la cible (Lune, planète, amas d’étoiles, etc.). Votre pointage sera plus aisé. Et accessoirement, vous verrez si votre chercheur est bien aligné avec le tube principal. Évidemment, ces considérations ont moins d’importance pour les instruments à pointage automatique (go-to). Toutefois, aborder un objet céleste avec un petit grossissement permet d’en avoir une vision globale, avec un maximum de luminosité. Et pour une première lumière, autant que l’image soit belle !

Dans la nuit du 24 au 25 décembre

Le père Noël est passé tôt chez vous ? Votre instrument est prêt à observer dès les premières heures du 25 décembre ? Alors, quoi viser ?

Jupiter est l’astre le plus brillant du ciel à cette heure. Vous l’identifierez sans problème dans la constellation des Gémeaux, très haute sur l’horizon. À 1 h du matin, le 25 décembre 2025, la planète est entourée de ses quatre principaux satellites, ceux découverts par Galilée à la fin de 1609 avec la première lunette à vocation astronomique de l’histoire. À gauche de Jupiter, tout près de la planète, se trouve Europe. Callisto, Io et Ganymède sont visibles à droite de la planète, à une certaine distance. Là encore, utilisez un petit grossissement pour être sûr de tous les avoir dans le champ. Attention : les images sont inversées dans un instrument d’astronomie. Donc, Europe sera à droite… Et si vous employez un renvoi coudé, l’image sera aussi inversée haut bas…

Pointez Jupiter juste après le réveillon, le 25 décembre à 1 h du matin. Vous verrez la planète entourée de ses quatre satellites galiléens. © C&E
Pointez Jupiter juste après le réveillon, le 25 décembre à 1 h du matin. Vous verrez la planète entourée de ses quatre satellites galiléens. © C&E

Ensuite, vous pourrez grossir un peu. De combien ? Pour avoir une image confortable et résolue (qui donne des détails), tablez sur une valeur équivalant au diamètre de votre instrument exprimé en millimètres. Par exemple, 100 X pour un télescope de 100 mm de diamètre. Si l’image vous semble stable et que vous voulez essayer de voir plus de détails, vous pouvez multiplier ce grossissement par deux (200 X pour un télescope de 100 mm). Au-delà, vous grossirez encore l’image, mais la luminosité va baisser ; la perception des détails deviendra plus difficile. Il faut vraiment que l’atmosphère soit très stable et votre optique très bonne. Mais même en réunissant ces critères, la déception peut montrer le bout de son nez…

Sur Jupiter, un grossissement de 100 à 300 X permet de bien voir les couleurs des nuages, les deux principales bandes nuageuses qui encadrent l’équateur et certaines fines bandes situées près des régions polaires. Bien sûr, si l’heure s’y prête, vous pouvez voir sans difficulté le gigantesque anticyclone de plus de 16 000 km de diamètre qu’on appelle la Grande Tache rouge. Y compris avec une lunette de 60 mm. Or, c'est le cas le 25 décembre ! La Grande Tache Rouge est visible sur le bord inférieur droit de la planète (supérieur gauche sur l'image inversée). Au même moment, toujours vers 1 h du matin, vous remarquerez sans difficulté un point noir très contrasté sur le bord inférieur gauche de la planète (supérieur droit sur l'image inversée) : c'est tout simplement l'ombre d'Europe sur les nuages joviens. Sur Jupiter, un astronaute qui se trouverait dans cette ombre aurait droit à une éclipse totale de Soleil par Europe !

Cap sur la grande nébuleuse d’Orion

La nébuleuse M 42, dans la constellation d’Orion, est une deuxième cible idéale vers 1 h. Elle se trouve à mi-hauteur légèrement à droite de la direction du sud. Même en ville, on parvient à la discerner à l’œil nu, pour peu que l’on ne soit pas ébloui directement par des lumières. Là aussi, utilisez d’abord le plus petit grossissement pour la voir en entier. Ses nébulosités sont d’autant plus évidentes que votre instrument a un gros diamètre.

La constellation d’Orion trône au sud en milieu de nuit. Vous trouverez la nébuleuse M42 sous les trois étoiles qui marquent le baudrier du chasseur céleste. © C&E
La constellation d’Orion trône au sud en milieu de nuit. Vous trouverez la nébuleuse M42 sous les trois étoiles qui marquent le baudrier du chasseur céleste. © C&E 

Si vous atteignez ensuite 100 ou 200 X, et que vous vous concentrez sur la partie la plus brillante, vous discernerez sans trop de mal un groupe de quatre étoiles serrées les uns contre les autres. Elles dessinent ce qu’on appelle le Trapèze (en raison de la forme) et appartiennent vraiment à la nébuleuse. Elles en sont même le produit, puisque ces étoiles massives et jeunes se sont formées à partir du gaz qui les entoure. La scène se déroule à 1500 années-lumière !

Vos premières galaxies !

Les galaxies du Lion arrivent en vue vers 4 h. Si vous n’êtes pas fatigué et que vous voulez observer une galaxie au cours de cette première nuit, voilà une belle occasion. Visez juste en dessous de Chertan, l’une des étoiles brillantes qui dessinent les pattes arrière du Lion. Toujours avec un faible grossissement, vous verrez apparaitre dans le champ deux ou trois galaxies. Attention : cette fois, pas question d’espérer les voir si vous êtes en ville. Vous devez avoir un ciel sans lumière et sans brume. Les galaxies M 65, M 66 et NGC 3628 qui constituent le trio sont bien moins lumineuses et bien moins étendues que M 42. Dans un instrument de 60 à 100 mm, probablement n’en verrez-vous que deux au premier coup d’œil : M 65 et M 66.

M65 et M66 dans le Lion seront vos premières galaxies en ce début d'hiver. © C&E
M65 et M66 dans le Lion seront vos premières galaxies en ce début d'hiver. © C&E

Avec un télescope plus gros, les trois sont assez facilement perceptibles. Ne dépassez guère 200 X, quel que soit l’instrument utilisé, afin de conserver une image lumineuse. Dans les plus grands diamètres, vous pourrez espérer discerner des détails dans ces galaxies, notamment une barre de poussière sombre qui coupe NGC 3628 en deux.

Le soir du 25 décembre

Si vous n’avez découvert votre instrument que le 25 au matin, vous allez devoir ronger votre frein jusqu’à la tombée de la nuit. Par chance, en cette saison, elle vient très vite ! Dès 18 h, le crépuscule se termine. Et, chance suprême, l’astre le plus en vue de l’Univers est là : la Lune ! Pas besoin d’être astronome pour repérer ce beau croissant qui descend sur l’horizon ouest. À cette heure, il croise encore à environ 30° de hauteur, ce qui permet de l’observer dans des conditions acceptables.

La vision de la Lune en entier dans une lunette dotée d’un faible grossissement produit son effet, même si l’atmosphère est turbulente. Alors, profitez de cette première lumière ! Notez que la partie de la Lune qui est dans l’ombre vous apparait faiblement. C’est grâce au clair de Terre qui s’y réfléchit dessus ! Peu évidente à voir à l’œil nu, cette « lumière cendrée » est éclatante à la lunette.

Puis, grossissez un peu (100 à 300 X) et baladez-vous le long du terminateur, c’est-à-dire la limite entre le jour et la nuit sur la Lune. C’est là que vous verrez les plus beaux reliefs grâce à l’éclairage rasant sur Soleil. Trois cratères attirent votre attention un peu en dessous de l’équateur : Theophilus, Cyrillus et Catharina. Ils mesurent exactement le même diamètre : 98 km. La Lune étant à 382 526 km à cet instant, cela vous donne une idée de la taille des plus petits détails que vous pouvez discerner.

Visez les cratères Theophilus, Cyrillus et Catharina à proximité du terminateur (la limite jour-nuit sur la Lune). © C&E
Visez les cratères Theophilus, Cyrillus et Catharina à proximité du terminateur (la limite jour-nuit sur la Lune). © C&E

Juste au-dessus, au bord d’une étendue sombre et lisse, se trouve le site où, pour la première fois, Neil Armstrong et Buzz Aldrin ont marché sur la Lune en juillet 1969. Utilisez la carte de la sonde Lunar Reconnaissance Orbiter pour vous repérer et découvrir d’autres contrées lunaires.

Saturne, ses anneaux et Titan

Saturne n’est pas loin ! En haut à gauche de la Lune, pile au-dessus de l’horizon sud (autour de 18 h), le seul astre brillant du coin, c’est la planète aux anneaux. Vous pouvez en théorie observer ceux-ci avec 40 X de grossissement. Mais en ce moment, ils sont vus presque par la tranche. Or, comme ils sont très fins, ils brillent peu et il est possible de ne pas les discerner. Passez à 200 X et plus pour les révéler de manière certaine.

Les anneaux de Saturne sont vus presque par la tranche en cette fin décembre 2025. © C&E
Les anneaux de Saturne sont vus presque par la tranche en cette fin décembre 2025. © C&E

Titan, le satellite géant de Saturne (5000 km de diamètre), est à droite dans le prolongement des anneaux (à gauche sur une image inversée). Une lunette de 60 mm suffit pour le déceler comme un petit point. Un télescope de plus de 150 mm permet de voir en plus Rhéa et Dioné, de l’autre côté de la planète.

Partagez vos observations

Les astres décrits dans cet article ne constituent que des suggestions de premières lumières pour astronomes débutants. Le ciel est immense. Profitez-en et faites en profiter les proches autour de vous. L’exploration de l’Univers vaut d’autant plus qu’elle est partagée ! Joyeux Noël à tous et à toutes.

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