Les traces d’un deuxième tsunami renforcent l’idée d’un ancien océan sur Mars

Vue d’artiste d’un impact sur Mars. © Joe Tucciarone
La jeune Mars aurait vécu un tsunami énorme, causé par un impact de météorite similaire à celui qui a mené à la fin des dinosaures sur Terre. Un événement qui ne fait pas l’unanimité malgré des indices nombreux.

Le sol aride de Mars a gardé les traces d’anciens tsunamis gigantesques. Un passé difficile à imaginer, y compris pour les spécialistes du climat qui estiment impossible un tel événement, mais que des géologues défendent, indices sérieux à l’appui, dans une étude parue dans Nature. « Nous avons réexaminé les plaines de l’hémisphère Nord, raconte un des auteurs, François Costard, de l’université Paris Sud. Et nous y avons trouvé des dépôts typiques laissés par un tsunami, ainsi qu’un cratère qui pourrait être lié. »

Une collision datant de 3 milliards d’années

Ce cratère s’appelle Pohl. Large de 110 km de diamètre, il aurait été formé il y a plus de 3 milliards d’années par la collision avec un astéroïde semblable à celui qui a contribué à la disparition des dinosaures sur Terre ! Une étude cartographique et une modélisation numérique montrent que l’impact aurait causé un mégatsunami capable de laisser des dépôts lobés trouvés dans les alentours.

L'impact qui a creusé le cratère Pohl aurait causé un tsunami sur Mars, voici 3 milliards d'années. © Nasa/JPL/Arizona State Univ.
L'impact qui a creusé le cratère Pohl aurait causé un tsunami sur Mars, voici 3 milliards d'années. © Nasa/JPL/Arizona State Univ.
Paysage martien photographié par la sonde américaine Viking 1, en 1976. © Nasa
Paysage martien photographié par Viking 1 en 1976. La sonde américaine se serait posée dans la région d’un ancien tsunami. © Nasa

Pour les géologues, c’est une confirmation. En 2017 déjà, une étude avait permis d’identifier un autre cratère, nommé Lomonosov, qui serait lié également à un impact suivi d’un tsunami. « Tout cela combiné corrobore l’hypothèse d’un océan tardif, soutient François Costard, également coauteur de l’étude. Nous pensons qu’un océan relativement peu profond, d’à peine 800 m de profondeur, aurait suffi à provoquer les traces que nous avons vues. »

Mars avec de l’eau… ou de la glace ?

Pourtant, avoir autant d’eau sur une planète censée être froide à cette époque pose un problème. « C’est paradoxal pour les climatologues. Selon les modèles, nous aurions dû avoir uniquement de la glace à la surface de Mars, pas d’eau liquide », assure François Forget, du Laboratoire de météorologie dynamique.

Ces dépôts lobés qui remontent les pentes sont les traces d'un gigantesque tsunami sur Mars. © Nasa/JPL/Univ. of Arizona
Selon une précédente étude publiée en 2017, les dépôts lobés qui remontent les pentes sont aussi les traces d'un gigantesque tsunami sur Mars. © Nasa/JPL/Univ. of Arizona

Toutefois, les preuves sont là : dans les dépôts lobés et les cratères. Mais selon le climatologue, ce n’est pas suffisant : « S’il y a eu un océan, il aurait dû y avoir aussi des précipitations, et nous n’en trouvons pas de traces. Il y a donc quelque chose qui ne va pas. Le passé de Mars est toujours très énigmatique. »

Retrouver la trace de pluies

En effet, les études suggèrent qu’il y a pu y avoir de l’eau liquide à la surface pendant le Noachien, il y a plus de 3,7 milliards d’années. Mais les traces décrites ici correspondent à la transition entre l’Hespérien et l’Amazonien, soit au moins 500 millions d’années plus tard. Pour François Costard, il est toujours possible d’imaginer une hypothèse satisfaisante pour tous, mais il manque des éléments : « Nous recherchons actuellement des traces de précipitations. Nous pensons pouvoir en trouver rapidement. »

François Costard. © P. Henarejos/Ciel & espace
François Costard et ses collègues cherchent les traces de précipitations sur Mars. © P. Henarejos

Et si l’océan était glacé ? « Les modèles tiennent parfois à peu de choses ! Nous estimons que l’océan aurait pu être très froid, mais pas encore en glace. En revanche, à quelques centaines de millions d’années près, en effet, le tsunami n’aurait pas eu lieu. Nous avons d’ailleurs identifié des mélanges de sédiments et de glace qui tendent à prouver que nous étions en période de transition. »

Le match entre géologues et climatologues n’est pas terminé, mais tous cherchent à découvrir quel a pu être le vrai passé de Mars.

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