La sonde lunaire Chandrayaan 2 détaille les sites d’Apollo 11 et 12

Crédit : ISRO
La sonde indienne Chandrayaan 2, en orbite autour de la Lune, a photographié les lieux où se sont posés les modules lunaires d’Apollo 11 et d’Apollo 12. Ses clichés sont encore plus détaillés que ceux de la sonde américaine Lunar Reconnaissance Orbiter.

La base de la Tranquillité, telle que nul ne l’avait vue. Ainsi pourrait-on qualifier l’étonnant cliché produit par la sonde indienne Chandrayaan 2, en orbite autour de la Lune depuis le mois d’août 2019. Avec une résolution exceptionnelle, il montre, à la surface de la Lune, le site où Neil Armstrong et Buzz Aldrin se sont posés le 20 juillet 1969 (ci-dessous). Le nombre de détails visibles est meilleur que sur les photos de la sonde LRO. La date de la prise de vue n’a pas été indiquée. Mais compte tenu de l’éclairage rasant du Soleil et de l’orientation de ses rayons, on peut en déduire que c’était peu avant le début d’une nuit lunaire de deux semaines sur cette partie de la mer de la Tranquillité.

Apollo 11 et sa caméra de télévision

Ce qui marque, c’est la netteté de certains détails visibles. Par exemple, on discerne les ombres de deux des quatre pieds métalliques de l’étage de descente. Or, ceux-ci ont un diamètre de seulement 18 cm. Au bas de l’échelle (juste à gauche du module), on aperçoit aisément des taches claires : il s’agit des systèmes de survie que les astronautes avaient sur leur dos pendant leur sortie en scaphandre ; ils s’en sont débarrassés avant de décoller afin d’alléger leur vaisseau. Le drapeau américain, difficilement érigé par Armstrong et Aldrin, n’a pas résisté au décollage de leur module : selon Aldrin, il a été renversé par les gaz d’échappement et se trouve quelque part au sol, mêlé au régolite. En revanche, le pied qui supporte la caméra de télévision qui permettait à des millions de Terriens de voir les astronautes gambader près de leur vaisseau est discernable. Il se trouve en haut à gauche du cliché et peut être repéré à son ombre en forme de trait noir horizontal. Enfin, au sud de ce qu’il reste du vaisseau, un petit point brillant attire l’attention : il s’agit soit du réflecteur laser, soit du sismomètre, deux installés par Aldrin. Un plan du site permet de s'y retrouver.

Apollo 12, son drapeau et son antenne parabolique

Chandrayaan 2 a également pris une belle photo du site d’Apollo 12, qui a amené Pete Conrad et Alan Bean dans l’océan des Tempêtes en novembre 1969. L’éclairage solaire est approximativement le même et correspond à une fin de journée lunaire (une Lune gibbeuse vue depuis la Terre). Là aussi, c'est mieux que la belle photo de LRO.

Là aussi, les systèmes de survie sont visibles au pied de l’échelle et constituent une grosse excroissance blanche. Le drapeau planté par les astronautes est toujours debout. Comme le montant métallique horizontal qui devait lui permettre de « flotter » ne tenait pas, l’étendard reste replié le long de son mât et projette une ombre en forme de triangle très aigu. Il se trouve au nord de l’étage de descente (au-dessus sur la photo).

À mi-chemin entre les deux, on remarque une ombre allongée qui n’est pas noire mais grise. Il s’agit de celle de l’antenne à haut gain, une parabole de 3 m de diamètre composée d’un treillis métallique. Sur cette photo, le Soleil est encore assez haut pour mettre en évidence les traces laissées par les astronautes. Elles sont nombreuses à gauche, car ils ont fait plusieurs allers-retours avec le site d’installation de la station scientifique ALSEP (hors du champ) et on en voit une à droite qui correspond au retour des astronautes après leur visite de la sonde Surveyor 3, lors de la seconde sortie en scaphandre.

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