La France s’engage dans les lanceurs réutilisables

En visite sur le site d’ArianeGroup à Vernon dans l’Eure, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargé de l’Espace, a présenté la nouvelle stratégie spatiale de la France.

En termes d’esprit et de méthode, la stratégie spatiale de la France, annoncée par son ministre de l’Économie ce 6 décembre 2021, rompt avec le passé. Si les grands groupes industriels sont reconnus, soutenus et confirmés, de nouveaux acteurs comme des startups, des TPE et des PME, peuvent maintenant prétendre à imaginer se lancer dans la production de petits lanceurs réutilisables, ainsi que de nouveaux usages aux données spatiales.

Deux tiers des fonds du plan France 2030 — soit 1,5 milliard d’euros sur 5 ans — sont réservés à des « acteurs émergents ». Un appel sera lancé pour identifier les projets. Les plus prometteurs seront sélectionnés, puis soutenus financièrement et techniquement. Enfin, les meilleurs seront retenus avec l’idée que pourraient émerger deux à trois petits lanceurs — réutilisables ou non — pour des micro- et des minisatellites.

Le ministre souhaite que la France « reste leader » dans le domaine spatial, investisse dans ce secteur, réussisse la nouvelle fusée Ariane 6, parie sur des techniques innovantes et favorise l’émergence de nouveaux acteurs. L’idée est de développer une concurrence, une « saine émulation » dans un domaine réservé jusqu’ici à des acteurs historiques.

Un mini-lanceur réutilisable pour l’Europe

ArianeGroup a annoncé travailler au projet d’un lanceur réutilisable, baptisé Maïa, dont le premier tir commercial pourrait intervenir à Kourou en 2026. Le site guyanais s’ouvrira aussi à ces nouveaux petits lanceurs en développant un pas de tir spécifique. Et la division lanceur du Cnes sera mise à contribution techniquement pour soutenir les startups qui semblent les plus prometteuses.

Pour accélérer cette mue et ne pas prendre de retard dans une course qui s’intensifie, Bruno Le Maire a confirmé l’accord signé entre la France, l’Allemagne et l’Italie, d’une subvention annuelle de 140 M€ destinée à soutenir Ariane, 4 lancements institutionnels par an (assurant la production annuelle de sept fusées Ariane 6 au minimum) et réaffirmé la préférence européenne en matière de lanceur.

Cet accord prévoit notamment le déplacement de Vernon à un site allemand de la production du moteur Vinci. Mais 40 M€ seront investis à Vernon : les moteurs Vulcain et Prometheus seront toujours fabriqués et testés sur les hauteurs de la Seine où le banc d’essai statique PF50 sera modernisé et adapté à la combustion du méthane.

Le changement de cap est patent ! Ariane 6 arrive, mais l’effet Elon Musk a balayé le monde ancien avec la force d’une tempête. On croit aujourd’hui au réutilisable, à la concurrence privée, aux startups et surtout à l’explosion annoncée des nouveaux usages pour lesquels s’envolent de nombreuses constellations de satellites. Reste à savoir si ces nouvelles priorités pourront rapidement être mises en œuvre et démontrer leur pertinence.

 

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