L’astéroïde Ryugu dévoile sa forme bizarre mais attendue

Crédit JAXA
La sonde japonaise Hayabusa 2 a commencé à prendre des clichés de l’astéroïde Ryugu pendant son approche finale. Depuis une centaine de kilomètres de distance, le petit corps céleste révèle un aspect… à facettes !

De loin, on dirait un dé à dix faces comme ceux qui sont si familiers aux adeptes des jeux de rôle. Pour les spécialistes, l’astéroïde Ryugu affiche des contours somme toute assez conformes à ce qui était attendu. Et l’image prise par la sonde japonaise Hayabusa 2 le 20 juin 2018 depuis une distance de 100 km n’ont fait que le confirmer. « Ryugu ressemble à plein d’autres astéroïdes géocroiseurs qui ont été observés par des radars, indique Patrick Michel, astronome à l’observatoire de Côte d’Azur, membre de l’équipe d’Hayabusa 2. Il a ce qu’on appelle une forme sphéroïde oblate. C’est la forme des corps primaires des astéroïdes doubles. » En effet, ces petits corps voient leur rotation sur eux-mêmes accélérée jusqu’à ce que les particules et les roches situées aux moyennes latitudes, poussées par la force centrifuge, glissent vers l’équateur où elles constituent un bourrelet. Si la période de rotation de l’astéroïde tombe en dessous de 2 heures et demie, des parties de ce bourrelet sont même éjectées dans l’espaces où elles vont ensuite s’agréger pour constituer un satellite.

Les scientifiques disposent de plusieurs modèles d'astéroïdes dont les formes, déduites d'observations radar, sont similaires
à celle de Ruygu. 2008 EV5 semble même être son jumeau parfait ! © P. Michel.

Ryugu est d’un diamètre compris entre 850 et 900 m. Il entre donc dans ce modèle et sa forme de « dé de jeu de rôle » ne surprend pas les chercheurs. Mais il tourne sur lui-même en seulement 7 heures et 42 minutes, et il conserve une belle abondance de rochers un peu partout sur sa surface. Il a donc été ralenti, soit par la perte de son satellite, soit par le même effet qui l’avait initialement accéléré (c’est l’effet YORP, produit par la libération de l’énergie solaire accumulée en surface, qui agit comme un mini-propulseur capable d’accélérer ou de ralentir une rotation).

Dans tous les cas, les scientifiques de la mission Hayabusa 2 sont aux anges, car, comme le souligne Patrick Michel : « C’est le premier astéroïde carboné que l’on voit en détail et pour lequel on va pouvoir connaître les propriétés morphologiques. » La satellisation à 20 km de la sonde est prévue le 27 juin 2018.

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