L’Agence spatiale européenne lance le recrutement de sa nouvelle promotion d’astronautes

Crédit : ESA
Pour la première fois depuis 2008, l’Agence spatiale européenne (ESA) compte recruter une nouvelle promotion d’astronautes. En 2022, quatre postes seront pourvus pour compléter les effectifs actuels.

Vous vous sentez investis d’une vocation spatiale ? Maintenant est le bon moment ! Le 16 février 2021, l’Agence spatiale européenne (ESA) a annoncé l’ouverture du recrutement pour sa nouvelle promotion d’astronautes. Un site internet spécial a été lancé à cette date, mais c’est à partir du 31 mars 2021 et pendant les huit semaines qui suivront, que l’agence recevra les dossiers des postulants. « Pour la dernière campagne en 2008, nous avions reçu plus de 8000 candidatures, remémore Guillaume Weerts, responsable au Centre européen des astronautes. Cette année nous en attendons encore davantage. »

Une nouvelle classe de réservistes

À terme, ce sont quatre postes qui sont à pourvoir, au terme d’un processus de recrutement que l’ESA envisage de clore en octobre 2022. Ce petit nombre d’heureux élus pourra être étendu à six, sur décision de l’exécutif de l’ESA avant la fin de 2022, et sera complété par une vingtaine d’astronautes dits « réservistes ». Une catégorie créée en prévision de nouvelles opportunités de vols, notamment commerciaux en orbite basse, susceptibles de se multiplier ces prochaines années.

Pour l’heure, les principales missions qui attendent les futurs astronautes de l’ESA se tiendront à bord de la station spatiale internationale (pour des séjours de 6 mois), ou autour de la Lune dans la future station Gateway (15 à 30 jours). Les astronautes chevronnés de la génération précédente, tels que L’Italien Luca Parmitano ou le Français Thomas Pesquet (lire son interview), auront néanmoins la primeur de cette destination lunaire. Quant à poser le pied sur le sol de notre satellite ? Des pourparlers entre l’ESA et la Nasa visant à inclure des astronautes européens au programme Artemis ont commencé cette année.

Scientifique, mais pas seulement

Les profils recherchés doivent avant tout posséder un diplôme de master (bac+5) dans un domaine scientifique tel que les sciences naturelles, la médecine, l’ingénierie, les mathématiques ou l’informatique. Un second master ou un doctorat sont des atouts, mais ne sont pas essentiels pour postuler. Les candidatures de pilotes d’essai expérimental ou ingénieurs d’essai sont également acceptées. En termes d’expérience professionnelle, seuls 3 ans suffisent. L’âge ne peut dépasser 50 ans (contre 37 ans auparavant). En plus d’une grande maîtrise de l’anglais, les candidat.es devront connaître une seconde langue étrangère, qui n’est pas forcément le russe, puisque celle-ci est enseignée pendant la formation des astronautes.

Savoir rester calme sous la pression, aimer sortir de sa zone de confort et avoir le goût d’appartenir à une équipe ont été mentionnés parmi les traits de caractère recherchés. Des critères similaires à ceux de la campagne de recrutement en 2008, qui couvraient déjà l’aptitude à supporter de longs séjours, confinés dans l’espace.

Un diplôme scientifique et 3 ans d'expérience professionnelle sont nécessaires pour candidater. © ESA

Six étapes pour devenir astronaute

Passé un premier tri des dossiers permettant d’établir un classement, les candidats seront invités à se rendre Hambourg pour passer des tests psychotechniques. Puis le meilleur millier d’entre eux se rendra au Centre des astronautes à Cologne, pour des entretiens et tests psychologiques afin d’évaluer les aptitudes de chacun à résoudre des problèmes, seul et en groupe. S’en suivra une évaluation médicale pour vérifier que le ou la candidate possède une santé compatible au métier d’astronaute. Viendront enfin deux phases d’entretiens d’embauche : d’abord face à un panel d’interlocuteurs, enfin auprès du directeur général de l’ESA, Jan Wörner, qui prendra sa décision à ce moment-là.

Volonté d’inclusion

Désireuse de porter haut des valeurs d’inclusion, en présenter une promotion d’astronautes à l’image des citoyens, l’ESA a encouragé tout type de profil à postuler, et rappelé que le genre des candidats n’était aucunement un critère de sélection. « Lors du recrutement par le Cnes en 1985, seuls 10 % des candidatures étaient celles de femmes, et 15,7 % en 2008 » a rappelé Claudie Haigneré, ancienne astronaute de l’ESA. Des proportions se répercutant dans le corps des astronautes puisque parmi les 6 astronautes recrutés en 2009, Samantha Cristoforetti était l’unique femme. « S’il y a 50% de candidates et 50% de candidats, il est quasi évident qu’à la fin nous aurons ce même ratio de 50/50. C’est ce qu’il faut viser », a ajouté Didier Schmitt, responsable dans le programme d’exploration humaine et robot. En outre, l’ESA a annoncé le démarrage du Parastronaut Feasibility Project, un projet visant à ouvrir le métier d’astronaute aux personnes porteuses de handicap. Une première mondiale.

Une fois sélectionnés, les 4 (ou 6) nouveaux astronautes viendront compléter un corps européen aujourd’hui constitué de 7 membres actifs. Vingt-trois astronautes ayant quitté le corps de l’ESA et une vingtaine d’autres, originaires des 22 pays aujourd’hui membres de l’agence mais jamais employés par l’ESA, s’ajoutent à l’effectif des astronautes ayant volé pour l’Europe.

À lire aussi : notre article paru dans le Ciel & espace n°573 : « Recrutements d'astronautes à la Nasa et à l'ESA : la nouvelle étoffe des héros »

 

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