Jeff Bezos annonce la création d’une « équipe nationale » pour construire le module lunaire américain

Jeff Bezos, patron de Blue Origin lors de l’IAC 2019. © P. Henarejos
En ouverture de la deuxième journée du Congrès international d’astronautique, à Washington, le patron de la société spatiale Blue Origin s’est positionné comme un acteur incontournable du retour américain sur la Lune.

Pour Jeff Bezos, quelle meilleure occasion de consolider sa position de partenaire indispensable de la Nasa que le moment où la Fédération internationale de l’astronautique (IAF) lui décerne son prix de l’excellence dans l’industrie ? Ce 22 octobre 2019, dès 8 h du matin, au Walter E. Washington Convention Center, plusieurs centaines de participants au Congrès international d’astronautique (IAC) attendent la venue du patron d’Amazon et de la société spatiale Blue Origin. Cette fois, pas de queue à l’entrée, comme lorsque son concurrent de Space X, Elon Musk, avait présenté ses projets.

Sur la scène de la grande salle de conférence, Jeff Bezos répond d’abord à quelques questions sur sa vision de l’exploration spatiale. Puis quand on lui pose la question de l’état d’avancement de son module lunaire Blue Moon, il répond : « Je suis heureux d’annoncer que nous avons créé une équipe nationale pour retourner sur la Lune, dans laquelle Blue Origin est le premier contractant, Lockheed Martin construit l’étage de remontée, Northrop Grumman construit l’élément de transfert et Draper fait le GNC [NDLR : contrôle du guidage et de la navigation]. En tant que premier contractant, nous développons l’étage de descente. » Jeff Bezos montre alors une vidéo d’essai statique du moteur BE-7 qui doit équiper le Blue Moon, en précisant que celui-ci a déjà tourné pour des mises à feu de 13 minutes.

Une alliance entre industriels pour répondre à une priorité nationale

La maquette grandeur nature du Blue Moon (étage de descente) trône à Washington pendant l'IAC.
En bas à droite de l'image, le moteur BE-7 est également exposé. © P. Henarejos

Le patron de Blue Origin n’en reste pas à une alliance entre industriels pour donner jour à un nouveau vaisseau destiné à atterrir sur la Lune. Il se place dans les plans dressés par la Maison Blanche et répétés la veille, dans la même salle par le vice-président Mike Pence : « C’est une équipe nationale pour une priorité nationale. » Il précise ensuite pourquoi Blue Origin a agrégé ces quatre sociétés spatiales : « [Se poser sur la Lune] est une chose tellement ambitieuse qu’elle nécessite d’être réalisée avec des partenaires. C’est le seul moyen de retourner sur la Lune rapidement. Non pour y faire des visites, mais pour y rester. » Autrement dit, après l’annonce en mai 2019 du développement de l’étage de descente Blue Moon, Jeff Bezos apporte sur un plateau à l’administration Trump et à la Nasa un véhicule complet pour effectuer la navette entre la station Gateway (sévèrement critiquée par Buzz Aldrin) et la surface de la Lune.

Jeff Bezos annonce la création d’une « équipe nationale » pour un module lunaire lors de l’IAC, à Washington. © P. Henarejos

Objectif de Blue Origin : casser les coûts d'accès à l'espace

Avant cela, Jeff Bezos a détaillé sa vision générale de l’exploration spatiale en commençant par rappeler que la Terre était le seul endroit où l’humanité pouvait vivre. Histoire de se démarquer d’Elon Musk, qui répète vouloir développer une colonie sur Mars ?

Pour faire des choses dans l’espace, il faut abaisser drastiquement les coûts d’accès à l’orbite, explique-t-il ensuite : « C’est la véritable mission de Blue Origin : baisser les coûts d’accès à l’espace. Nous avons besoin de solution réutilisable réellement opérationnelle. Quand vous regardez les coûts, ceux qui n’ont rien à voir avec la préparation, le carburant, qui est incroyablement peu cher, ce dont nous avons besoin est de réutiliser le matériel encore, encore et encore. Et cela ne peut pas être une fausse réutilisabilité où, quand vous ramenez le véhicule, vous devez tout inspecter, tout désosser, tout réassembler. Cela n’est pas du réutilisable. Vous devez pouvoir vous poser, refaire le plein et voler à nouveau. Cela est un problème d’ingénierie très difficile. » Mais Jeff Bezos ne doute pas que Blue Origin y parvienne : « Je vous garantis que quand nous aurons un véhicule réutilisable vraiment opérationnel, nous allons fortement réduire le coût d’accès à l’espace. »

Le premier vol de la fusée New Glenn annoncé pour 2021

Ce véhicule, dans son esprit, et depuis le début, c’est la fusée New Glenn, actuellement en cours de développement dans son usine de Floride. « New Glenn va voler en 2021 », annonce-t-il. Celle-ci sera capable de desservir tous les types d’orbites terrestres et de placer des charges importantes sur des trajectoires translunaires.

Plus que jamais, Jeff Bezos se positionne comme l’incontournable transporteur avec lequel les agences spatiales devront compter pour mener à bien leurs programmes d’exploration et auquel les sociétés privées auront recours pour développer leurs activités dans l’espace. Les succès de sa fusée suborbitale New Shepard en constituent les meilleures garanties de sérieux.

 

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