Planète de Fomalhaut : ALMA fait mentir Hubble

De haut en bas, Fomalhault vue dans le visible (0,5 µm) par Hubble, à 24 µm par Spitzer, à 70 µm par Herschel et à 850 µm par ALMA (vue superposée à celle de Hubble). Crédits : NASA/ESA/HST - Herschel/PACS - NASA/JPL- ALMA/ESO/NAOJ/NRAO

Le premier résultat scientifique de l'observatoire ALMA met en doute la découverte de la planète Fomalhaut b par le télescope spatial Hubble.

Où est passée la planète de Fomalhaut ?


En 2008, Paul Kalas, de l'université de Berkeley, et son équipe ont annoncé avoir photographié une planète autour de l'étoile Fomalhaut avec le télescope spatial Hubble. Un joli résultat, remis en cause depuis par l'équipe de Markus Janson, de l'université de Princeton, sur la base de cet argument : la planète n'est pas détectable par le satellite Spitzer, sensible au rayonnement infrarouge.

Or, c'est dans cette gamme de longueur d'onde que la planète devrait briller. Pour Janson, l'objet photographié par Hubble est plutôt un amas de poussières qu'une planète.

Aujourd'hui, ALMA enfonce le clou: sensible au-delà de l'infrarouge, le réseau d'antennes en construction sur le plateau de Chajnantor permet d'établir qu'une planète aussi grosse que celle détectée par Hubble aurait brisé le disque de poussières. En effet, Paul Kalas pensait tenir une planète plus grosse que Saturne !


Pas plus grosse que quelques Terres


Pourtant, deux planètes naviguent probablement autour de Fomalhaut, de part et d'autre de son disque de poussière. C'est la seule solution pour expliquer sa forme : il est voilé (tordu), peu épais et avec des bords fins. « En combinant les observations faites par ALMA de la forme du disque avec les modèles numériques, nous sommes parvenus à définir très précisément la masse et l'orbite de chacune des planètes », a déclaré Aaron Boley de l'université de Floride. « Elles doivent être très petites, entre une masse martienne et quelques masses terrestres; dans le cas contraire, elles auraient détruit l'anneau », ajoute-t-il.

Une démonstration pour ALMA

Le résultat obtenu sur Fomalhaut est impressionnant car, lors de la prise de vue à l'automne 2011, le réseau comptait seulement 16 télescopes répartis sur une base de 175 m. Dans cette configuration, il était capable de voir des détails de 1 seconde d'arc, ce qui est une résolution comparable à celle d'un télescope amateur dans le domaine visible. À la fin de la construction dans deux ans, ALMA comptera 66 antennes et pourra voir des détails 10 fois plus fins que ceux perçus par le télescope spatial Hubble !

Crédit : ALMA (ESO/NAOJ/NRAO)/W. Garnier

Pour plus d'informations sur Fomalhaut, lisez aussi notre article “Doutes autour de la première photo d’une exoplanète” dans le numéro de mai de Ciel & Espace, en kiosque dès le 24 avril 2012.

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