Alerte au satellite fou

Le satellite UARS (vue d'artiste) retombe au sol le vendredi 23 septembre. Crédit : Nasa/Ciel et Espace Photos

Le satellite américain UARS, gros comme un autobus, d'une masse de 6,5 tonnes, retombe sur Terre le 23 septembre 2011. Certaines de ses pièces les plus solides devraient résister à la désintégration lors de la rentrée dans l'atmosphère. Elles devraient donc toucher la surface de la planète. Problème : nul ne sait exactement où...

Un satellite hors d'usage
Upper Atmosphere Research Satellite (UARS) a été lancé en 1991 par la navette Discovery. Il a étudié l'évolution de la couche d'ozone pendant 14 ans. Mais depuis 2005, il n'est plus en fonctionnement.

Sa dernière orbite connue le fait culminer à 225 km d'altitude pour un périgée à 205 km. Il est donc de plus en plus ralenti par les hautes couches de l'atmosphère qu'il traverse.

Désintégration partielle
UARS devrait entrer dans les couches denses de l'atmosphère vendredi 23 septembre en soirée. Si la majeure partie de ses composants vont se volatiliser, 26 fragments devraient résister et toucher la surface de la planète. En tout, ces débris attendus représentent une masse de plus de 500 kg. Ces objets sont des roues et des batteries.

Un satellite hors de contrôle
Dépourvu de carburant, le satellite ne peut être contrôlé. Résultat : la Nasa ne peut pas le précipiter dans une région inhabitée du globe (habituellement, le Pacifique nord).
Pis, UARS tourne sur lui-même en suivant un mouvement désordonné, comme le montre l'exceptionnelle vidéo réalisée par l'astronome amateur français Thierry Legault à l'aide de son télescope. Ce mouvement modifie en permanence la résistance à l'air du satellite, si bien que la Nasa ne pourra déterminer une zone de chute que 20 minutes avant le plongeon final. Cette zone est toutefois imprécise puisqu'il s'agit d'une ellipse de 12000 km de long (vidéo ci-dessous).

Des risques limités pour les populations
Selon la Nasa, il y a une probabilité sur 3200 pour que l'un des débris d'UARS blesse quelqu'un. Le risque est donc faible, même s'il n'est pas nul. Par comparaison, les chances de toucher 6 bons numéros à l'Euromillion avoisinent 1 sur 13 millions... Toujours est-il qu'UARS peut retomber n'importe où entre 57° de latitude nord et 57° de latitude sud, autrement dit, en n'importe laquelle des régions les plus peuplées de la planète.

Spectacle pour le sud de la France ?

Selon les prévisions de Ted Molczan, un amateur américain spécialisé dans le suivi des satellites, UARS a de bonnes chances de s'abîmer dans le Pacifique, au sud du Japon, entre 18 et 22 h TU (20 h à minuit à Paris). C'est ce que semblent indiquer ses trois probables ultimes orbites. Si ces trajectoires sont exactes, il est possible que les habitants de la côte méditerranéenne de l'Hexagone puissent observer le dernier passage d'UARS et, qui sait, le début de sa désintégration !

Ce n'est pas la première fois qu'un engin spatial retombe ainsi sur Terre. Les stations Skylab en 1979 et Mir en 2001 constituaient les plus gros morceaux. Plus récemment, en 2008, un satellite espion américain de 4 tonnes est lui aussi retombé.

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