Un nouveau challenger pour le tourisme spatial ?

Le retour de la capsule de la société privée Blue Origin. Crédit : Blue Origin.

Le 29 avril, la société privée Blue Origin est parvenue à lancer avec succès une capsule à 93,5 km d'altitude en vue d'une prochaine exploitation pour du tourisme spatial.

Blue Origin va-t-il prendre la tête de la course du tourisme spatial ?

La question se pose après le vol réussi de sa capsule, inhabitée, le 29 avril 2015.

Blue Origine est une société privée américaine créée par Jeff Bezos (le fondateur d'Amazon). Celui-ci fait miroiter des vols commerciaux d'ici 2 ans.

A l'appui de cette promesse, la vidéo spectaculaire du lancement de la fusée New Shepard :



Un quasi succès


A regarder la vidéo, tout semble se passer à merveille. La fusée décolle parfaitement, propulse la capsule soà Mach 3 pour atteindre 93,5 km d'altitude. Cette dernière revient en douceur sous trois parachutes.


Ce que ne montre pas le clip en revanche, c'est le retour de la fusée. Elle est prévue pour être réutilisée après un retour freiné par les rétrofusées (comme la fusée de Tintin). Elle doit également déployer 3 jambes hydrauliques. Là est son point faible : elles ne se sont pas déployées lors du test, la fusée s'est donc écrasée.


L'illustration ci-dessous montre le plan de vol schématique :

Pour le moment personne ne sait assurer le retour contrôlé d'un lanceur. Space X tente également d'y parvenir avec sa fusée Falcon 9. Elle a été utilisée 2 fois cette année avec succès pour ravitailler l'ISS.

Mais le retour contrôlé de la fusée reste lui un échec dans les deux cas, comme le montre la vidéo ci-dessous du 14 avril dernier :


Des promesses qui n'engagent que ceux qui souhaitent y croire


Depuis 15 ans, les annonces se succèdent pour promettre l'avènement du tourisme spatial « pour demain ». Mais pour l'heure, aucun projet n'est parvenu à franchir toutes les étapes jusqu'au stade de l'exploitation.


On garde en mémoire la très médiatisée tentative de Virgin Galactic. Après de nombreux reports, elle s'est soldée par un tragique échec avec l'accident de son SpaceShip 2 le 31 octobre 2014.


Même si les tentatives du spatial privé sont à prendre très au sérieux, il faut rester méfiant sur les effets d'annonce. Au départ, Blue Origin promettait un vol commercial en 2010. En 2008, le premier vol habité était décalé à 2012. Il a ensuite été question de 2015, ... pour finalement promettre 2017.Y croit qui veut.


La communication avant tout

Plusieurs entrepreneurs privés sont en compétition pour mettre au point de nouveaux moyens d'accès à l'espace, que ce soit pour du tourisme ou pour les astronautes de la NASA.

Il s'agit d'une course technique, mais aussi d'une guerre d'image. A ce jeu, on peut regretter les effets d'une communication très orientée. Blue Origin ne montre pas le crash de sa fusée, à l'instar de Sierra Nevada Corp qui avait diffusé la vidéo du retour à terre de sa navette Dreamchaser. Sur ce film, on peut voir que juste avant de toucher le sol, seulement une des deux roues du train arrière se déploie.

La suite de la vidéo est savamment coupée et définitivement censurée par Sierra Nevada Corp. La navette a été sérieusement endommagée, mais aucune photo ne montre à quel point.


Depuis la fin du programme de navettes spatiales, l'Amérique n'a plus les moyens d'envoyer elle-même des hommes dans l'espace. Et pour l'heure, nul ne sait quand le phénix se réveillera de ses cendres.

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