Une lueur mythique vue depuis le Pic du Midi

Une étrange lueur s’étire entre le télescope de 1 m du Pic du Midi et l’amas des Pléiades. Mais de quoi s’agit-il ?

Pour la débusquer, il est nécessaire de bénéficier d’un ciel d’excellente qualité. C’était le cas le 30 octobre 2017 sur ce sommet des Pyrénées. Quelques halos de lumière apparaissent à l’horizon, mais la plus grande partie de la pollution lumineuse est confinée sous une mer de nuages généralisée alentour. C’est dans de telles conditions que se dévoile la fragile lueur du Gegenschein (lueur opposée, en allemand). Elle est si fragile qu’elle n’est que rarement observée.

Le Gegenschein est le reflet des poussières situées dans la direction opposée au Soleil. Il est donc le prolongement de la lumière zodiacale, c’est-à-dire la lumière diffusée par un nuage de poussières très ténu situé tout autour du Soleil. Sans cesse alimenté par les comètes, ce nuage est plus dense et plus lumineux dans la direction du Soleil. Il est donc bien visible à l’aube vers l’est, et au crépuscule vers l’ouest sous la forme d’un pilier lumineux en forme de menhir.

Comme la Pleine Lune

Mais pourquoi le Gegenschein est-il si lumineux alors qu’il se trouve dans la direction opposée au Soleil ? La raison tient justement à cette géométrie particulière : les poussières situées dans cette direction sont éclairées de face, elles réfléchissent donc un maximum de lumière. Si on se représente ces poussières comme de minuscules cailloux sphériques, il y a un effet de phase sur la particule : elle va tantôt être être éclairée à moitié (comme un quartier de Lune), tantôt en totalité, lorsqu’elle est en direction opposée au Soleil. Mais il y a plus. Les aspérités peuvent projeter des ombres à la surface de ces corpuscules. Or, elles sont minimales lorsque la particule est vue éclairée de face (exactement comme les reliefs lunaires à la Pleine Lune).

Sur l’image, les lueurs orange à l’horizon sont dues à la pollution lumineuse. Les marbrures vertes et marron visibles ailleurs dans le ciel sont, quant à elles, dues à l’airglow, la luminescence naturelle de notre atmosphère.

Si vous avez la chance de vous rendre dans une zone préservée de la pollution lumineuse, vous pouvez chercher le Gegenschein : il est diffus, mais bel et bien visible à l’œil nu. Il est plutôt visible au printemps et à l’automne, lorsque sa lueur est suffisamment séparée de celle la Voie lactée. 

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