Une exoplanète photographiée dans un système à deux étoiles

Crédit : ESO/A. Chomez et al.
Deux étoiles, une naine brune et une planète géante ; telle est la composition du système de HIP 81208, à moins de 500 années-lumière de la Terre. Cette fois, la détection de la planète, une géante gazeuse bien plus massive que Jupiter, ne s’est pas faite de manière indirecte, mais bien grâce à une image, obtenue par le VLT.

Les photos d’exoplanètes sont rares. Même si les astronomes comptent plus de 5000 de ces nouveaux mondes dans leurs catalogues, ceux dont ils ont réussi à obtenir une image se comptent encore sur les doigts des deux mains. À ce titre, le cliché du système stellaire de HIP 81208, à 476 années-lumière dans la constellation du Scorpion, est une prouesse. Il a été obtenu par le Very Large Telescope (VLT). En cherchant dans des observations encore non étudiées datant de 2019 et de 2022, Antoine Chomez, de l’observatoire de Paris, a repéré un astre assez peu lumineux pour être une planète à proximité de HIP 81208 C, une étoile naine du système.

Au terme de son travail scientifique mené avec plusieurs collègues, il apparaît qu’il s’agit d’une planète géante gazeuse de 14,8 fois la masse de Jupiter, bouclant une orbite à 23 UA de son étoile en 285 ans. L’image est étonnante. D’autant qu’elle montre un système qui semble non pas double, mais triple. En effet, si l’étoile HIP 81208 A est 2,6 fois plus massive que le Soleil et si C est une naine rouge de 0,135 masse solaire, on voit un autre astre, B. Or, ce n’est pas une étoile, mais une naine brune de 67 fois la masse de Jupiter, tournant autour de A. Comme la planète, appelée HIP 81208 Cb, gravite autour de C, ce système binaire est le premier dans lequel chacune des étoiles est accompagnée par un objet de masse substellaire.

L’étoile HIP 81208 C est une naine rouge (à gauche sur la photo du VLT). Une planète (Cb) est cachée dans son anneau de diffraction (zoom en haut à gauche). Elle apparait de manière plus évidente quand on supprime artificiellement l'éclat de C (zoom en haut à droite). © ESO/A. Chomez et al.

En regardant cette image du VLT (8,2 m), obtenue grâce au système d’optique adaptative Sphere, on ne peut que tenter d’imaginer quel ciel serait observable depuis l’exoplanète. Celle-ci croise à 3,4 milliards de kilomètres de la petite étoile rouge C. C’est un peu plus que la distance qui sépare Uranus du Soleil. Mais, quelque part dans la sphère céleste, A doit briller assez fort, car elle est distante de seulement 35 milliards de kilomètres. Quant à B, qui ne fait que réfléchir la lumière de A (à 8 milliards de km), elle doit rester noyée dans le halo éblouissant de cette dernière. En fonction de la vitesse de rotation de l’exoplanète sur elle-même, il se peut qu’il n’y fasse jamais vraiment nuit…

 

Le Ciel & espace 591 disponible sur notre boutique web et en kiosque (où le trouver ?)

Exoplanètes : ce que révèlera leur atmosphère

Ciel & espace n°591

 

Recevez Ciel & Espace pour moins de 6€/mois

Et beaucoup d'autres avantages avec l'offre numérique.

Voir les offres

Nous avons sélectionné pour vous

  • Le départ du Starliner de Boeing à nouveau reporté

    À deux heures de décoller, un problème survenu sur la fusée Atlas 5 au sommet de laquelle se trouvait la capsule habitée Starliner a imposé le report de son voyage vers l’ISS. Rendez-vous le 10 mai 2024 au plus tôt pour un nouveau départ.

  • Chang’e 6 est en route vers la Lune

    La sonde chinoise a décollé ce 3 mai avec pour objectif de se poser sur la face cachée de la Lune et d’en rapporter des échantillons. Ce qui serait une première.

  • Disparition du vol MH370 : la piste des données satellites relancée

    Dans l’enquête sur la disparition du vol Malaysia Airlines MH370 en 2014 dans l’océan Indien, les acteurs privés et bénévoles sont en train de reprendre la main en s’appuyant sur des données satellites. De nouvelles recherches en mer sont attendues en suivant notamment l’hypothèse d’un détournement d’avion volontaire. Nous avons détaillé cette piste dans un article précédent.