Dans une relative discrétion, une fusée Longue Marche 3B a décollé nuitamment le 28 mai 2025 de la base de Xichang, dans le sud-ouest de la Chine. A son bord, la sonde Tianwen 2 vise pourtant un objectif ambitieux : s’approcher de l’astéroïde 469219 Kamoʻoalewa et lui arracher quelques roches pour les ramener sur Terre. Si tout se déroule comme prévu, l’engin spatial devrait aborder sa cible, un corps céleste de 40 à 100 m de large, au cours du mois de juillet 2026. Il restera à proximité pendant sept mois et doit tenter d’en collecter des échantillons, puis les expédier sur Terre afin qu’ils soient récupérés à la fin de 2027.
Des débris du cratère lunaire Giordano Bruno ?
469219 Kamoʻoalewa est plus qu’un géocroiseur (un astéroïde dont l’orbite coupe celle de la Terre). C’est un quasi-satellite de notre planète dont la période de révolution autour du Soleil est de 366 jours et qui oscille entre les différents points de Lagrange, des points d’équilibre gravitationnels entre la Terre et le Soleil. Des spectres réalisés à l’aide du Large Binocular Telescope en 2021 indiquent qu’il est composé de silicates sensiblement rougis, ce qui laisse supposer qu’il pourrait s’agir de matériau lunaire longtemps exposé aux rayonnements solaires. 469219 Kamoʻoalewa pourrait donc être constitué d’éjectas d’un impact survenu sur la Lune voici quelques millions d’années. Le jeune cratère Giordano Bruno, situé à la limite de la face cachée, creusé voici 4 millions d’années fait un bon candidat selon les scientifiques. Mais ce scénario alléchant n’est pour le moment qu’une hypothèse à vérifier, d’où l’intérêt scientifique d’envoyer une sonde en collecter des échantillons.
Survol d’une comète
Une fois que Tianwen 2 aura largué sa capsule d’échantillons dans l’atmosphère terrestre, elle doit poursuivre sa route dans le système avant de rencontrer la comète 311P/PANSTARRS en 2035.