Il est minuit passé de 17 minutes, le 25 juillet 2019, quand le Minor Planet Center, l’organisme de l’Union astronomique internationale qui est chargé du suivi des petits corps du Système solaire, annonce la découverte d’un astéroïde, 2019 OK. Mais celui-ci, crédité d’une taille d’environ 100 m, est particulier : sa trajectoire va le mener à seulement 72000 km de la Terre trois heures plus tard… Autrement dit, à l’échelle du Système solaire, ce corps rocheux est passé extrêmement près de notre planète. Il aurait aussi bien pu la percuter. Et vu sa taille, estimée entre 60 et 130 m, bien supérieure à celle de l’objet de Tchéliabinsk en 2013, il aurait provoqué une catastrophe. En d’autres termes, 2019 OK était un astéroïde de taille conséquente, potentiellement dangereux pour la Terre et les télescopes chargés de surveiller le ciel ne l’ont pas détecté.
Cette question est d’autant plus légitime qu’a posteriori, les astronomes ont réalisé que l’objet avait été repéré une première fois dès le 28 juin 2019, puis encore le 7 juillet et enfin une troisième fois le 21 juillet. Tout cela sans qu’aucune alerte n’ait été déclenchée. Il aura fallu attendre les observations d’un groupe d’amateurs brésiliens, C. Jacques et E. Pimentel, le 24 juillet à l’aide d’un télescope de 28 cm d’ouverture, pour que les astronomes professionnels prennent conscience de la dangerosité du bolide. Alors comment cela a-t-il pu se produire ?
Des moyens actuels insuffisants
Même si un objet de 100 m de diamètre est considéré comme gros, notamment à cause des dégâts qu’il commettrait en chutant sur Terre à une vitesse de plusieurs kilomètres par seconde, il s’agit d’un très petit corps. Surtout quand on veut le détecter ou l’observer avec un télescope. L’astronome Patrick Michel, de l’observatoire de Côte d’Azur, rappelle : « Ces corps ne sont pas assez lumineux pour qu’on les détecte tous avec les moyens actuels, d’autant plus qu’aucun programme d’observation n’est dédié à leur découverte. » Le chercheur, spécialiste des astéroïdes, indique en outre : « Pour les objets de tailles supérieures à 1 km, on a recensé plus de 90% d’entre eux. Pour ceux plus grands que 100 m, on en est encore loin. Moins de 20% ont été découverts et on estime à 50000 leur totalité. » Clairement, 2019 OK faisait donc partie de ces corps célestes qui demeurent largement inconnus et qui sont difficiles à repérer. Quand ils sont loin de la Terre, leur éclat est généralement trop faible pour être vus sur les photographies prises régulièrement par les télescopes actuels. Ils ne peuvent être vu que lors de leurs rapides approches de la Terre ; quand leur proximité les rend assez brillants pour être détectés par des télescopes dont les plus puissants mesurent moins de 2 m de diamètre. C’est pour augmenter ces moyens qu’un télescope de 8 m, le Large Synoptic Survey Telescope (LSST) est actuellement en construction au Chili. « Le LSST va permettre de faire exploser le nombre de découvertes, mais il faudra plusieurs décennies pour faire l’inventaire de ceux plus grands que 140 m, but donné par le Congrès américain, conclut Patrick Michel. »
Un astéroïde détecté mais pas reconnu
Malgré tout, 2019 OK a été photographié une première fois le 28 juin 2019, un peu moins d’un mois avant son survol rapproché de la Terre. Il était alors relativement proche, bien que sa magnitude n’ait pas dépassé 23 (plus de 6 millions de fois moins brillant que les plus faibles étoiles visibles à l’œil nu !) et il a été répertorié par le télescope de 1,8 m Pan-STARRS 1. Alain Maury, gérant de l’observatoire Spaceobs, au Chili, et qui compte des télescopes professionnels, précise : « Sur les premières observations de Pan-STARRS, l’objet était très faible, l’arc très court, donc ça paraissait comme un astéroïde de la ceinture principale. » Autrement dit, le télescope de 1,8 m l’a photographié à trois reprises, le traitement informatisé des images a bien détecté son déplacement (l’arc) mais compte tenu de sa faible magnitude et de son faible déplacement, il l’a classé parmi les objets lointains.
Le cas difficile d’un bolide qui fonce vers la Terre
Une découverte finalement faite par des amateurs

par un télescope du réseau ISON le 25 juillet 2019.
Crédit : S. Schmalz / ISON .
Une faille dans le dispositif d’analyse des clichés
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