Philae enfin retrouvé ?

Philae, est-ce bien toi ? ©ESA/Rosetta/MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA

Le petit robot, disparu en novembre 2014 après son atterrissage rocambolesque sur la comète Churyumov-Gerasimenko, a probablement été repéré par Rosetta ! Il apparaît sur deux images d'Osiris, la caméra à haute résolution de la sonde spatiale, comme un point brillant à une position très proche de la zone de recherche prioritaire.

Une forme incertaine

« Cette petite tache, détectée sur des images datées des 12 et 13 décembre 2014, est invisible sur un cliché pris quelques semaines avant l'atterrissage », explique l'astronome Philippe Lamy, du Laboratoire d'astrophysique de Marseille, qui a participé à la découverte.

Par ailleurs, même si sa forme reste « incertaine », elle a une taille compatible avec Philae et se trouve « à seulement 10 m » de la position qu'ont estimée les ingénieurs du Cnes par d'autres méthodes, reprend le chercheur.

Peu de chance enfin que cette tache soit de la glace, subitement exposée au Soleil. « Cette zone ne montre aucun signe d'activité, et d'ailleurs l'endroit est très peu éclairé », souligne Philippe Lamy.

Trois photos de la même région prises les 22 octobre, 12 et 13 décembre par la caméra Osiris de Rosetta. Philae est-il cette petite tache blanche ? Crédit : ESA/Rosetta/MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA

Trois photos de la même région prises les 22 octobre, 12 et 13 décembre 2014
par la caméra Osiris de la sonde Rosetta. Philae est-il cette petite tache blanche ?

Crédit : ESA/Rosetta/MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA

La comète interdite d'approche

Pour l'astronome, qui travaille depuis des mois sur le sujet, les arguments sur la table sont décidément « convaincants. »

Bien sûr, il faudrait obtenir de nouvelles photos de la région, de plus près encore que ces clichés pris à 18 km, mais c'est actuellement impossible. « Chury », de plus en plus active à mesure qu'elle s'approche du Soleil, interdit à Rosetta de la survoler à moins de 200 km ! En mars 2015, un survol rapproché a failli tourner à la catastrophe à cause des myriades de poussières qui enveloppent la comète.

L'idéal, en fait, serait que Philae se réveille. Ses communications radio permettraient de la localiser à coup sûr.

Philae endormi ou hors-service ?

Si ce point brillant est bien Philae, pourquoi n'a-t-on d'ailleurs capté aucun signal du robot ? « Peut-être parce qu'il a souffert du froid et ne fonctionne plus », avance Philippe Lamy. Après tout, son électronique a enduré des températures de -70°C, plus basses que ce qui était prévu...

L'hypothèse optimiste, elle, consiste à dire que le robot ne reçoit pas encore assez de puissance lumineuse pour envoyer un signal. « Cela dépend de la hauteur du Soleil là où Philae s'est immobilisé, mais aussi de l'orientation du robot », explique le chercheur.

Sur le premier point, les choses vont dans le bon sens puisque l'hémisphère Sud de la comète, où se trouve Philae, est de plus en plus éclairé. Quant à l'orientation du robot, « la préciser est prioritaire, notamment en réalisant un modèle de terrain grâce aux images à haute résolution d'Osiris » confie Philippe Lamy.

Mise à jour du 14 juin 2015

L'hypothèse optimiste était la bonne : le 14 juin 2015, le CNES a annoncé le réveil du robot Philae. Ce dernier a envoyé, le 13 juin à 22 h 28, un signal pendant 2 minutes à la sonde Rosetta restée sur orbite près de la comète.

Pendant cette communication, 40 secondes ont été consacrées à l'envoi de données. Philae a donc survécu à la nuit et au froid. Sept mois après son atterrissage mouvementé, il fonctionne encore.

Il affiche une température de -35°C et une énergie disponible de 24 watts. Probablement s'était-il réveillé plus tôt, mais n'avait pas pu entrer en contact avec la sonde Rosetta. Reste à préciser quel est son état général et quelles expériences il pourra éventuellement mener en fonction de son niveau de charge.

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