Le rover martien Opportunity pris dans une tempête géante

Crédit : NASA/JPL-Caltech/MSSS
Une tempête géante sévit depuis le 1er juin 2018 sur la planète Mars, dans la vallée de la Persévérance, où se trouve le rover Opportunity. Pour préserver son énergie, l’engin a arrêté ses missions scientifiques et tente de résister au déferlement de la météo martienne.

Imaginez que tout ce que vous voyez soit recouvert d’une poussière rouge orangée qui masque le bleu du ciel et bloque les rayons du Soleil. Ce paysage apocalyptique a déjà été expérimenté par les Australiens lors d’une tempête de poussière en 2009. Eh bien cela est comparable à ce que connaît actuellement Opportunity, alors qu’il est piégé dans une gigantesque tempête martienne.

L’Harbour Bridge à Sydney durant la tempête de poussière en 2009. © Ian Sanderson

Ces tempêtes de poussières sur Mars sont fréquentes, mais celle qui fait rage depuis plusieurs jours est d’une dimension peu commune. Repérés le 1er juin 2018 depuis l’espace par Mars Reconnaissance Orbiter (MRO), les vents et les poussières ont grossi en quelques jours pour s’étendre sur plus de 18 millions de kilomètres carrés ! Un territoire aussi vaste que la Russie. Cette tempête est la plus violente que le rover ait dû affronter à ce jour. Et elle pourrait même s'étendre à l’ensemble de la planète (cela est déjà arrivé). Si cela devait être le cas, l’observation de Mars au télescope perdrait un peu de son intérêt car la plupart des régions habituellement discernables à leur coloration plus sombre, disparaîtraient sous une couche uniforme de poussières en suspension.

Des amateurs surveillent la tempête

Depuis la Terre, plusieurs astronomes amateurs (comme ci-dessous l’Anglais Damian Peach) ont photographié la naissance du phénomène. Leurs images montrent comment une nuée ocre vient peu à peu grignoter la région sombre de Terra Meridiani, non loin du cratère Schiaparelli.

La tempête martienne (partie gauche des images), photographiée par Damian Peach le 5 juin 2018, à 30 min d’intervalle. © D. Peach/Chilescope Team
La tempête qui frappe la vallée de la Persévérance photographié par MRO le 6 juin 2018. L’emplacement d’Opportunity est symbolisé
par le point bleu au centre de l’image.© Nasa/JPL-Caltech/MSSS

À l’instant où MRO a transmis cette information au centre de contrôle, les ingénieurs de la Nasa ont lancé une procédure d’urgence pour protéger Opportunity. Alors que le rover se trouvait dans la vallée de la Persévérance, au bord du cratère Endeavour, il a arrêté toutes ses tâches scientifiques pour conserver au maximum son énergie. Pour le moment, Opportunity semble encore actif. La Nasa a pu communiquer avec lui le 10 juin. Les ingénieurs contrôlent avec attention la température interne de l’engin, qui est actuellement de -29°C.

Sans Soleil, pas d’énergie

Les poussières charriées par les vents masquent les rayons du Soleil et empêchent ses batteries de se recharger. Si la tempête se prolonge trop longtemps, le rover devra affronter le froid martien qui risque de l’endommager sérieusement. Cela a été fatal en 2010 à son jumeau, Spirit, qui est resté bloqué dans la poussière martienne sans pouvoir recharger ses batteries. Opportunity a déjà connu plusieurs tempêtes, notamment une en 2007 qui l’avait paralysé pendant deux semaines mais elle n’avait pas l’ampleur de celle-ci. Les semaines à venir seront cruciales pour l’avenir du petit robot qui parcourt Mars depuis plus de 14 ans.

La tempête vue par Curiosity depuis le cratère de Gale, le 3 juin 2018. © Nasa/JPL-Caltech/MSSS
Le même paysage, le 10 juin alors que la tempête prenait de l'ampleur. © Nasa/JPL-Caltech/MSSS 

Et l’autre rover martien ?

De son côté, l’autre rover martien Curiosity, qui arpente Mars depuis 2012, n’a rien à craindre de cette tempête. À la différence de son aîné, il n’est pas alimenté par des panneaux solaires, mais par un générateur produisant de l’électricité à partir de la désintégration d’éléments radioactifs. La pénombre induite par la poussière ne l’empêche donc pas de fonctionner et d’effectuer ses missions scientifiques. L’engin a récemment détecté des molécules organiques soufrées dans les roches du cratère Gale, ainsi que l’existence d’un cycle saisonnier du méthane. La Nasa privilégie l’hypothèse d’un phénomène d’origine géologique pour expliquer ces deux phénomènes.

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