Le réseau Fripon trouve sa première météorite

Après des années de recherche, les scientifiques du programme FRIPON sont enfin récompensés. Ils viennent de trouver en Italie leur première météorite après avoir vu son entrée dans l'atmosphère à l'aide de leur réseau de caméras de surveillance du ciel.

Le réseau FRIPON vient pour la première fois depuis sa mise en service de permettre la découverte d’une météorite. Ce projet d’initiative française compte plus de 100 caméras réparties à travers le territoire. Des financements complémentaires de pays voisins ont permis de l’étendre à l’Angleterre et à l’Italie. C’est justement dans le nord de l’Italie qu’a eu lieu cette première trouvaille à l'aide du réseau local de caméras baptisé Prisma

Un bolide vu par 8 caméras

Le 1er janvier 2020, une étoile filante est détectée par 8 caméras italiennes. Elle est anormalement brillante avec un pic d’éclat de magnitude -10 comparable à la luminosité de la Lune présente dans le ciel ce soir-là. On parle alors de bolide.


Rapidement les chercheurs italiens et français calculent la trajectoire de chute et les résultats des deux équipes convergent vers le village de Disverto, au beau milieu de la vallée du Pô.

Ci-dessous, la carte des caméras témoin de la chute et la reconstruction de la trajectoire du bolide.

Les calculs montrent que l’objet faisait 8 kg avant son entrée dans l’atmosphère. Il a pénétré avec une vitesse relativement lente de 12 km/s, mais sous un angle très élevé de 68°. Cette forte incidence a favorisé l’ablation du caillou par l’échauffement de l’atmosphère, et la masse finale est estimée à 150 g seulement. Autant dire que les chances de retrouver des fragments aussi petits sont minces. Depuis le lancement du programme Fripon, plusieurs recherches de terrain de ce type ont été infructueuses.

Un petit caillou noirci

Les chercheurs italiens lancent néanmoins dès le 2 janvier 2020 un appel aux habitants de la région pour les inciter à surveiller les abords des chemins alentour. Et rapidement un habitant rapporte la découverte d’un petit caillou noirci et cassé en deux. Le plus gros morceau d’environ 4 cm pèse 52 g, et l’autre, 3,5 g. L’examen des fragments par les scientifiques ne laisse planer aucun doute : il s’agit bel et bien d’une météorite !

Une validation des modèles de calcul

Par chance, ces roches célestes sont tombées dans l’herbe aux abords d’un chemin. Il s’en fallait de peu pour qu’ils atterrissent dans des champs très boueux en cette saison, et une découverte sur un tel terrain est bien plus difficile. Pour les astronomes, c’est un succès car cette découverte montre que leurs outils de calcul fonctionnent bien. La météorite a en effet été trouvée à 240 m seulement de la trajectoire calculée par les chercheurs français. Il reste probablement d'autres morceaux à récupérer car un flash lumineux lors de la rentrée atmosphérique indique que le corps s'est fragmenté avant de toucher le sol. 

Un retour d’échantillon cosmique presque gratuit

L’intérêt de telles découvertes est de pouvoir faire le lien entre la nature des météorites et leur orbite. Et à ce jeu, le Graal pour les chercheurs serait de trouver une météorite dont l’orbite correspond à celle d’une comète. Ce serait une forme de retour d’échantillons de comète gratuit (ou du moins presque gratuit comparé au coût d’une mission spatiale). Dans les collections des muséums, il y a bien quelques candidats de météorites d’origine cométaires en particulier celle d'Orgueil, mais le fait de ne pas savoir quelle était sa trajectoire exacte ne permet pas d’avoir de certitude sur son origine.

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