Le journal de Thomas Pesquet (7) : Un siège sur mesure

Confection d'un siège sur mesure chez Zvezda. © ESA/T. Pesquet
L'astronaute de l’ESA Thomas Pesquet doit s’envoler en novembre 2016 vers la station spatiale internationale et séjourner six mois à bord. Une mission pour laquelle il s’entraîne depuis deux ans. Chaque mois, il raconte les coulisses de cette préparation aux lecteurs de « Ciel & Espace ».

Épisode 7 : Un siège sur mesure

126 mesures ! En décembre, je suis passé chez le “tailleur” des cosmonautes : l’entreprise Zvezda, qui réalise les combinaisons spatiales des Russes depuis les années 1960. Là-bas, on a pris mes mensurations dans tous les sens pour confectionner la tenue que je porterai dans le Soyouz. Il est important d’être confortablement installé dans le vaisseau, car on y passe plusieurs heures sans beaucoup bouger, et parce qu’on y subit de fortes accélérations au décollage et à l’atterrissage, durant lesquelles notre poids peut plus que quadrupler.

La société Zvezda réalise toutes les combinaisons spatiales sur mesure. © ESA

D’ailleurs, nos sièges aussi sont sur mesure. À Zvezda, j’ai pris des bains de plâtre afin de réaliser un moulage de mon fauteuil. Le moulage est fait en plusieurs parties, bas du corps et haut du corps séparément, pour tenir compte du fait que, lors d’un long séjour dans l’espace, comme on ne ressent plus la gravité, on grandit de 2 à 3 cm ! Or, il faut pouvoir rentrer dans le siège à l’aller et au retour… Dans le hall de Zvezda, les moulages de tous les sièges des cosmonautes partis avec le Soyouz sont exposés. C’est assez impressionnant.

Pour les sorties extravéhiculaires, nous disposons de plusieurs tailles de scaphandres, mais seuls les gants sont sur mesure. Il faut quand même 96 mesures sur chaque main pour les réaliser, car la dextérité est évidemment essentielle pendant les sorties dans l’espace. Le problème, c’est que le simple fait de porter une combinaison spatiale, donc pressurisée, rend les gants rigides (imaginez que vous soufflez dans un gant en plastique). Fermer la main, dans ces conditions, est presque aussi difficile qu’écraser une balle de tennis.

Protections antibruit pour l’ISS

À Houston, où je suis jusqu’à la fin janvier, on m’a fait un autre type de moulage, celui du conduit auriculaire. Là, il s’agit de réaliser des protections auditives efficaces… dotées de haut-parleurs ; on peut les utiliser comme boules Quiès ou comme casque ! Périodiquement, les astronautes de la station spatiale font des tests d’audition pour vérifier qu’ils ne souffrent pas du bruit ambiant, d’environ 70 dB [le bruit d’un sèche-linge, NDLR].

Le bruit est provoqué par les pompes où circule l’eau qui refroidit les électroniques, et les ventilateurs qui brassent l’air en permanence. Il y en a jusque dans nos couchettes ! Sans eux, le dioxyde de carbone de notre respiration s’accumulerait autour de nous et nous finirions par nous asphyxier. Les oreillettes moulées sur nos oreilles sont vraiment confortables. Certains astronautes les conservent après leur mission. Elles sont parfaites pour le footing !

“Rien de tel qu’un bain de plâtre pour mouler un siège de Soyouz pour un cosmonaute !” © ESA

 

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