Le journal de Thomas Pesquet (8) : Bricolage au fond de la piscine

Entraînement en piscine sur une réplique de l’ISS. © ESA
L'astronaute de l’ESA Thomas Pesquet doit s’envoler en novembre 2016 vers la station spatiale internationale et séjourner six mois à bord. Une mission pour laquelle il s’entraîne depuis deux ans. Chaque mois, il raconte les coulisses de cette préparation aux lecteurs de « Ciel & Espace ».

Épisode 8 : Bricolage au fond de la piscine

L’extérieur de la station spatiale est un labyrinthe. Avec ses modules, ses nœuds, ses bras et ses attaches en tout genre, on peut facilement s’y perdre. D’autant que, pendant une sortie en scaphandre, qui dure 6 à 7 heures en général, on passe la moitié de son temps dans la nuit… Pour se familiariser à cet environnement, les astronautes réalisent plusieurs exercices en piscine, pendant lesquelles ils répètent les opérations de maintenance qu’ils devront assurer pendant leur mission.

En janvier, j’ai fait une plongée de ce genre dans l’immense piscine du Neutral Buoyancy Lab de la Nasa, à Houston, où est immergée une maquette grandeur nature d’une bonne partie des segments américains de l’ISS. D’ici à mon départ pour la station, je ferai neuf autres plongées. Toujours avec les Américains car, traditionnellement, c’est avec eux que les Européens effectuent leurs sorties extravéhiculaires.

Il se trouve que, cette fois-ci, je plongeais avec Luca Parmitano [astronaute de l’ESA ayant séjourné sur l’ISS de mai à novembre 2013, NDLR]. Il m’a fait profiter de son expérience, sur les outils à prendre ou sur la meilleure façon de les utiliser… Il faut savoir qu’en sortie, nous avons bien sûr une liste d’outils indispensables, mais nous pouvons en emporter d’autres.

Tout astronaute doit être capable de réaliser une sortie dans l’espace pour réparer une panne. © ESA

Nos mouvements sont limités — il faut se battre contre le scaphandre —, si bien que la zone sur laquelle on peut intervenir est en gros un cube de 80 cm de côté face à nous. De plus, avec la visière du scaphandre et l’ordinateur que l’on porte en ventral, notre champ de vision est restreint ! En latéral, mais surtout de haut en bas puisque, par exemple, on ne voit pas sa ceinture.  

Tous les astronautes doivent être capables de réparer des pannes qui, si elles survenaient, mettraient l’équipage en danger. Ainsi, en 2013, une pompe servant au refroidissement a lâché. Il a fallu planifier une sortie en moins de trois jours ! Mais en général, les sorties extravéhiculaires sont prévues de longue date. Dans les années qui viennent, deux postes d’amarrage de vaisseaux américains sur l’ISS doivent être mis en place (contre un aujourd’hui). Résultat : il va falloir déplacer le module PMM, le “grenier” de la station, et installer des centaines de mètres de câbles. Je vais devoir m’entraîner de façon minutieuse à ce genre de chose dans les mois à venir. En apesanteur, un câble de 40 m de long peut vite devenir très compliqué à manipuler…

Pas facile à enlever, le costume de bain. © ESA

 

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