Le journal de Thomas Pesquet (5) : Cobaye spatial

Prélèvements, expériences… : l’astronaute accepte d’être un cobaye. © Nasa
L'astronaute de l’ESA Thomas Pesquet doit s’envoler en novembre 2016 vers la station spatiale internationale et séjourner six mois à bord. Une mission pour laquelle il s’entraîne depuis deux ans. Chaque mois, il raconte les coulisses de cette préparation aux lecteurs de « Ciel & Espace ».

Épisode 5 : Cobaye spatial

Une semaine en Europe ! Fin octobre 2014, j’ai passé toute une semaine à Cologne, au Centre des astronautes européens de l’ESA (EAC). Cologne, c’est là que j’habite, mais depuis ma sélection en mars pour voler en 2016 à bord de la station spatiale internationale (ISS), c’est la première fois que j’y passe autant de temps.

J’ai fait deux choses importantes pendant mon séjour à l’EAC. D’abord, j’ai débuté mon entraînement concernant le laboratoire européen Colombus de l’ISS. Je dois connaître celui-ci sur le bout des doigts : circuits électriques, systèmes de support vie (gaz, eau), systèmes de communication, de télémesure, de télécommande… Je dois aussi bien sûr savoir manipuler les racks scientifiques du module. Je m’y suis entraîné avec des expériences génériques, car celles que j’aurais à réaliser en 2016 n’ont pas encore été décidées.

J’ai aussi profité de mon passage à l’EAC pour signer tout un tas de papiers, notamment ceux sur lesquels je consens à participer à des expériences médicales. Toutes les expériences dans lesquelles l’astronaute est cobaye doivent recueillir son consentement. Idem pour celles qui pourraient lui poser un cas de conscience (celles qui impliquent des dissections animales, par exemple). À ma connaissance, aucun astronaute n’a jamais refusé d’être cobaye.

Cela fait partie du métier, et même ça me tient à cœur de pouvoir participer à des recherches médicales dont les résultats pourront bénéficier à tous. Bien sûr, se faire des prises de sang pendant des jours, sur orbite, ou subir au sol des biopsies musculaires, ce n’est pas très agréable. Certains astronautes, dans le cadre d’études sur l’appareil vestibulaire (un des organes responsables de l’équilibre), font même un petit tour de centrifugeuse le jour même de leur retour sur Terre !

Expériences sur l’apprentissage

Mais ce n’est pas toujours si désagréable. Dans le cadre de la mission du Danois Andreas Mogensen, dont je suis la doublure pour un vol en 2015, je participe ainsi à une expérience d’imagerie cérébrale. Il s’agit de répondre à cette question : quelles connexions se font dans le cerveau lors d’un apprentissage ? Pourquoi oublie-t-on certaines choses, alors que l’on ne peut pas “désapprendre” à faire du vélo, par exemple ?

Nous sommes des cobayes intéressants car le séjour dans l’espace implique
une grande adaptation sensori-motrice. © S. Corvaja/ESA

Les astronautes sont des cobayes intéressants parce que le séjour dans l’espace implique une très grande adaptation sensori-motrice. Comme l’apprentissage du vélo, mais plus en profondeur ! Je passerai donc des IRM cérébrales avant et après le vol. Ce type d’expérience peut permettre de mieux comprendre ce qu’il se passe pendant une maladie neurodégénérative, comme Alzheimer, et peut-être aider un jour à les prévenir ou les soigner.

 

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