Le journal de Thomas Pesquet (6) : Trek dans les grands espaces

Trek au Nouveau-Mexique pour les futurs astronautes. © T. Pesquet/ESA
L'astronaute de l’ESA Thomas Pesquet doit s’envoler en novembre 2016 vers la station spatiale internationale et séjourner six mois à bord. Une mission pour laquelle il s’entraîne depuis deux ans. Chaque mois, il raconte les coulisses de cette préparation aux lecteurs de « Ciel & Espace ».

Épisode 6 : Trek dans les grands espaces

En novembre, j’ai passé deux semaines au Nouveau-Mexique pour un trek en montagne avec l’équipage américain de ma mission de 2016. C’était superbe, et je rêve d’y retourner ! Le but de cet entraînement était de mettre l’accent sur le travail en équipe, et de se découvrir les uns les autres. Car jusqu’ici, nous nous étions seulement croisés. Nous avons marché à peu près 12 km par jour, avec des sacs de 25 kg sur le dos, à travers les canyons. La nuit, il faisait –2, –3°C. Moi qui adore les activités d’extérieur, j’étais servi.

Ces moments sont importants, car on sait bien que l’élément dont on est le moins sûr lors d’une longue mission dans l’espace, ce n’est pas la technique, c’est l’humain. Vivre six mois ou un an dans une station spatiale, éloigné de sa famille, dans un environnement spartiate, avec un équipage que l’on n’a pas choisi, ce n’est pas forcément évident psychologiquement. Et je ne parle pas des futurs voyages vers Mars.

Donc, il est bon de faire connaissance, et notamment dans des situations potentiellement “difficiles”. Cette fois, nous avions de la nourriture, nous étions en extérieur, mais les entraînements Caves de l’ESA, par exemple, se font dans des grottes. Et lors de mon premier stage de survie en Sardaigne, nous n’avions rien à manger !

Les entraînements en grotte, rien de mieux pour souder l’équipe ! © V. Crobu/ESA

Avant de rencontrer l’équipe, je me posais évidemment des questions : est-ce que nous serons sur la même longueur d’onde ? Est-ce que nous aurons le même sens de l’humour ? Bien sûr, les astronautes sont sélectionnés pour leur aptitude à travailler en équipe. Mais comme il n’y a pas de coordination entre les différentes agences spatiales pour le choix des équipages, il y a toujours une part d’incertitude.

Là, j’ai vraiment pu découvrir ma coéquipière Peggy Whitson, avec qui je m’envolerai dans un Soyouz en 2016 pour une mission de six mois sur l’ISS. C’est une astronaute expérimentée, qui a volé plusieurs fois et a même réalisé plusieurs sorties extravéhiculaires. On a découvert ensemble qu’elle était du matin, et aimait se coucher tôt, alors que je suis exactement l’inverse : je me lève toujours au dernier moment, mais j’aime bien veiller tard ! C’est parfait car ça veut dire que, dans la station, chacun aura un moment pour soi. C’est important pendant une longue mission.

L’entraînement d’un astronaute, ce n’est pas uniquement des plongées en scaphandre et des séances de pilotage sur simulateur. © V. Crobu/ESA

 

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