Le journal de Thomas Pesquet (25) : Derniers jours à Houston

Une vue dont je ne me lasse pas, à Houston, en allant travailler le matin...
L'astronaute Thomas Pesquet deviendra en novembre 2016 le dixième Français à voler dans l'espace. Chaque mois, il raconte les coulisses de son entraînement aux lecteurs de « Ciel & Espace ». Découvrez le quotidien de celui qui s'apprête à vivre six mois sur orbite à bord de la station spatiale internationale (ISS).

Épisode 25 : Derniers jours à Houston

« Je passe mes derniers jours au Johnson Space Flight Center (JSFC) de la Nasa, à Houston. Je n’y reviendrai plus avant mon lancement le 15 novembre 2016, ce que j’ai un peu de mal à réaliser. Après tout, ces trois dernières années, j’ai passé ici le tiers de mon temps ! Mais mon entraînement sur les systèmes de la station spatiale se termine. Idem pour les entraînements en piscine qui simulent les sorties extravéhiculaires.

Ce qui veut dire que, ces jours-ci, chacune des activités que je fais est la dernière et que, du coup, je quitte petit à petit l’équipe d’instructeurs. C’est étrange. Pendant trois ans, ils font partie de notre vie – chaque équipe est désignée sur une expédition et suit les astronautes pendant tout leur entraînement –, et là, tout d’un coup : « Aujourd’hui, c’était la dernière séance, au revoir et bonne chance ! »

Je me souviens encore de ma première visite au JSFC. C’était en 2010 pendant l’entraînement de base de ma promotion d’astronautes européens, avant que je sois désigné sur une mission. Le grand porche du centre avec le sigle de la Nasa, le badge d’astronaute à mon nom, l’étendue du site... C’était intimidant.

Avec la Cité des étoiles, Houston est quand même l’épicentre mondial du vol habité. Les véhicules, les scaphandres, les équipages, le centre de contrôle de la station spatiale (conçu pour résister à un ouragan) : tout est ici ! Aujourd’hui, je connais bien mieux le site, mais c’est tellement grand que j’arrive encore à me perdre lorsque je dois aller d’un bâtiment à un autre en voiture.

Le laboratoire de réalité virtuelle du Johnson Space Flight Center, où je m'entraîne à piloter le bras de l'ISS. © DR

Comme tous les astronautes, j’ai mon bureau dans le bâtiment « 4S », au dernier étage. Étonnamment, au milieu de toute cette technologie, l’endroit est un peu vieillot, à l’ancienne. C’est là qu’est conservée la mémoire des différentes classes d’astronautes, chacune ayant décoré les lieux à sa manière. L’ambiance rappelle un peu celle d’un escadron de pilotes. On croise les astronautes de retour de mission, ceux qui se préparent... Mais nos emplois du temps sont tels que, avec Shane Kimbrough par exemple, on a réalisé en juillet que la prochaine fois que nous nous verrons, ce sera dans l’espace !

Déménagement prochain... pour l’espace

D’ici quelques jours, je quitterai la petite maison que je loue ici et je déménagerai toutes mes affaires. Je quitterai les amis astronautes avec qui j’ai passé beaucoup de temps, au travail, mais aussi en week-end, à faire du sport, à se promener... Pour un pilote, la vie est facile au Texas. Il y fait toujours beau et on peut aisément prendre un avion pour aller se poser sur une piste désaffectée dans un site naturel et faire une rando ! Bon, l’été, il y fait un peu chaud. Le mieux en fait, pour un astronaute, c’est de passer l’hiver à Houston et l’été en Russie. Mais ce n’est pas nous qui choisissons.

Je quitte Houston, mais j’y reviendrai après mes six mois passés dans l’ISS, pour des débriefings et des prélèvements pour des expériences médicales. J’ai déjà mon emploi du temps pour mai-juin 2017.

À bientôt, l’Amérique ! »

 

Découvrez l’épisode 26 : Le temps des examens

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