La Lune rétrécit !

Vue en relief de la faille lobée explorée en 1972 par les astronautes d'Apollo 17. Crédit : NASA/Goddard/Arizona State University/Smithsonian

Les images à haute résolution de la sonde Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) révèlent de nombreuses failles qui indiquent que la Lune a rétréci de 100 m dans un passé récent. Les spécialistes, qui publient leurs résultats le 20 août dans la revue Science, avancent moins d'un milliard d'années. Peut-être même quelques centaines de millions d'années.

La Lune toujours active ?

Sur les 14 nouvelles failles découvertes dans la croûte lunaire et qui témoignent de sa contraction, les astronomes observent peu de cratères d'impacts, signe de leur jeune âge.

Ils observent même que les failles ont déformé des cratères très petits et très récents. C'est comme cela qu'ils estiment que ces formations figurent parmi les plus récentes de la Lune.

Ce rétrécissement, consécutif au refroidissement de la Lune, pourrait être encore en cours actuellement.

Des craquelures de la croûte lunaire

La plupart des failles ont une forme semi-circulaire et sont dites «escarpements lobés». Pour Thomas Watters, du Center for Earth and Planetary Studies, à Washington, principal principal auteur de la publication, elles sont caractéristiques d'une contraction d'environ 100 m sur son diamètre total de 3474,6 km. La croûte, peu élastique, a alors craqué et formé ces décrochements.

Le même type de failles a déjà été repéré sur Mercure, une planète dont la surface est similaire à celle de la Lune et dont on sait qu'elle a aussi subi un intense épisode de rétrécissement.

Failles lobées photographiées à la surface de Mercure Par la sonde Messenger. Crédit Nasa.

Sur cette image de la sonde Messenger, trois failles de contraction sont visibles à la surface de Mercure. Crédit : Nasa.

Un escarpement exploré par des astronautes

En décembre 1972, les astronautes Harrison Schmitt et Gene Cernan, au cours de la mission Apollo 17, avaient exploré l'un de ces escarpements dans la vallée Taurus-Littrow. Avec leur « jeep », ils avaient franchi l'obstacle, haut de moins de 100 m et avaient réalisé des prélèvements à sa base.

L'escarpement lunaire de la vallée Taurus-Littrow photographié par les astronautes d'Apollo 17. Crédit : Nasa/Ciel et Espace Photos

Cette photo, prise par les astronautes d'Apollo 17, montre depuis le sol lunaire l'escarpement qui traverse la vallée Taurus-Littrow (partie en pente sur la gauche de l'image). Crédit : Nasa/Ciel et Espace Photos.


La plupart des failles découvertes par LRO sont similaires et n'excèdent pas 100 m de dénivelé. Elles se situent aussi bien sur la face visible que sur la face cachée.

Pour en savoir plus :

Sur l'exploration scientifique de la Lune, écoutez le podcast de Cieletespaceradio.fr "La Lune, miroir et mémoire de la Terre", avec Sylvestre Maurice, astronome à l'Observatoire de Midi-Pyrénées.

Sur l'histoire géologique de la Lune, écoutez le podcast de Cieletespaceradio.fr "La Lune, ce qu'elle a encore à nous dire", avec Pierre Thomas, professeur de géologie à l'ENS de Lyon.

Recevez Ciel & Espace pour moins de 6€/mois

Et beaucoup d'autres avantages avec l'offre numérique.

Voir les offres

Commentaires

Nous avons sélectionné pour vous

  • Avec Desi, une nouvelle fissure ouverte en cosmologie ?

    La première année d’observation du relevé céleste Desi suggère que l’énergie noire, qui accélère l’expansion de l’univers, pourrait avoir varié dans le temps. Un résultat qui défie notre compréhension de l’évolution cosmique et qui suscite tour à tour prudence, enthousiasme et curiosité chez les spécialistes.

  • Kamo’oalewa, l’astéroïde cible de la sonde Tianwen 2, est bien un morceau de Lune

    Le petit corps céleste qui gravite sur une orbite très voisine de celle de la Terre semble avoir la Lune pour origine. Outre sa composition, des simulations de trajectoire militent en ce sens. Un cratère est même suspecté : Giordano Bruno.

  • Expansion de l’Univers : la tension s’accroit sur la constante de Hubble

    L’Univers est en expansion. Soit. Mais à quelle vitesse ? Selon la méthode utilisée, ce taux d’expansion, ou constante de Hubble, varie. Et les mesures les plus récentes viennent encore confirmer cette tension. Au point que des cosmologistes mettent en cause les modèles théoriques les mieux établis.