L'énigme du méthane martien s'épaissit

L'atmosphère de Mars (ici des nuages de CO2 au-dessus des dunes) contient-elle vraiment du méthane ? Crédit : Nasa/JPL/Univ. of Arizona/Ciel et Espace Photos

Deux chercheurs français affirment que les quantités de méthane observées sur Mars et leur variation saisonnière demeurent inexplicables. Dans un article paru dans la revue Nature le 6 août 2009, François Forget, du Laboratoire de météo dynamique (LMD), et Franck Lefèvre, du Laboratoire atmosphères, milieux, observations spatiales (LATMOS) ont en effet modélisé la manière dont devait se comporter du méthane injecté dans l’atmosphère martienne.

En supposant que ce gaz soit produit par un processus géologique (tel que la serpentinisation), pour atteindre les proportions détectées avec le télescope Gemini en janvier 2009 (lire Ciel et Espace n° 466 de mars 2009, p. 32), il faudrait qu’il y ait sur Mars une production égale à celle de la dorsale volcanique Atlantique sur Terre. Or, le problème, c’est que pour l’heure, les signes d’activité géothermique sur la planète rouge sont quasiment imperceptibles. « Le détecteur infrarouge Themis, à bord de la sonde Mars Odyssey, ne voit rien, précise François Forget. » Si son origine est biologique, cette production équivaudrait à celle de 600000 vaches !

Outre la quantité de méthane, sa variation observée au fil du temps paraît tout aussi extraordinaire. « Pour produire ces différences, il faut un processus qui détruit le méthane 600 fois plus vite que ce que nous connaissons sur cette planète, poursuit François Forget. Mais si un tel mécanisme existe, il détruirait aussi efficacement plusieurs autres molécules, comme le monoxyde de carbone. Or ce n’est pas que qui a été observé. Enfin, les variations saisonnières vues au télescope sont tout simplement inversées par rapport à ce qu’indiquent les modèles. »

Conclusion ? La détection au télescope doit être avant tout confirmée, soit par de nouvelles observations au télescope, soit à partir de 2011, sur place, avec le robot Curiosity. Si c'est le cas, cela signifie que les astronomes ont fait une découverte extraordinaire. Il faudra alors déterminer quelle source extraordinaire est à l’origine de ce méthane au comportement étrange : géothermie incroyablement dynamique ou… activité biologique ?

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