L’AFA appelle les astronomes amateurs à observer le transit de l’exoplanète WASP-148b

Vue d’artiste du système exoplanétaire WASP-148 © Institut d’astrophysique de Paris, Mark A. Garlick
Dans la nuit du 26 au 27 juin en France métropolitaine, l’exoplanète WASP-148b passera devant son étoile. En invitant les astronomes amateurs à filmer ce transit, l’Association française d’astronomie (AFA) encadre en 2021 son premier projet de science participative.

« Aux astres, citoyens ! » C’est par ce slogan que nous vous présentons des projets d’astronomie participative dans notre bimestriel, depuis notre numéro 576. C’est par ce même slogan que l’AFA (Association française d’astronomie), éditrice du magazine Ciel & Espace, a appelé fin avril les amateurs et amatrices d’astronomie à prendre part à la recherche scientifique. Dans la nuit du 26 au 27 juin, les détenteurs d’un télescope doté d’une caméra sont invités à filmer le transit de l’exoplanète WASP-148b devant son étoile. De magnitude 12 et située dans la constellation d’Hercule, l’astre compte au moins deux compagnes. Deux planètes géantes en orbite découvertes en juillet 2020 par une équipe d’astronomes professionnels, mais aussi amateurs, menée par l’astrophysicien Guillaume Hébrard (Institut d’astrophysique de Paris).

Deux exoplanètes, un transit

Si la première planète, WASP-148b, a été vue pour la première fois par la méthode des transits, grâce à l’instrument SuperWASP depuis les îles Canaries, la seconde, WASP-148c a été décelée par « variations de chronométrage » (ou TTV, pour Transit timing variations en anglais). Un phénomène qui survient lorsqu’une forte interaction gravitationnelle existe entre plusieurs planètes d’un même système. Dans le cas présent, l’existence de WASP-148c, dont on estime que la masse se situe entre 40 et 60% de celle de Jupiter (quand WASP-148b en vaut 29%), déclenche un effet de freinage et d’accélération mutuels, entre les 2 planètes sur leurs orbites respectives. C’est ainsi que le transit de WASP-148b, qui survient tous les 8,8 jours, peut se produire avec près de 15 minutes d’avance ou de retard sur son heure de passage attendue.

« On connait peu de systèmes planétaires ayant deux planètes en forte interaction. Qui plus est, celui-ci est le premier, et le seul à l’heure actuelle, à avoir été détecté depuis le sol, et à être accessible par des amateurs » note Guillaume Hébrard, premier auteur de la publication dans Astronomy & Astrophysics ayant officialisé l’existence des deux exoplanètes. « De nouvelles données permettront d’améliorer la mesure des masses des planètes, l’excentricité de leurs orbites, et peut-être même de découvrir des planètes supplémentaires que le système est susceptible d’héberger » ajoute l’astrophysicien. Si ces planètes sont nombreuses, toutes ne garantissent pas de passer devant leur étoile hôte, du point de vue de la Terre. Ça n’est par exemple pas le cas pour la seconde exoplanète déjà découverte autour de WASP-148. Plus éloignée que la première et ne tournant qu’en 34,5 jours, WASP-148c passe au-dessus ou en-dessous de son étoile, n’obstruant aucune forme de lumière.

Massives et très proches de leur étoile [comparer à l'orbite de Mercure], les 2 exoplanètes du système WASP-148 sont des "Jupiter chauds".
Capture prise via le logiciel Eyes on Exoplanets.

Matériel minimal

Par cet appel aux citoyens, l’AFA poursuit l’objectif qu’elle s’est fixée à partir de 2021 : promouvoir et accompagner des actions de science participative dans le domaine de l’astronomie. Les astronomes amateurs ici concernés doivent avant tout posséder une caméra pour enregistrer les données. Par sa faible luminosité, mais aussi la modeste chute de lumière engendrée - légèrement inférieure à 1% - la cible WASP-148 est idéalement destinée aux personnes équipées d’un télescope dont le diamètre vaut 200mm a minima. Et puisque le transit de WASP-148b dure environ 3h, une monture équatoriale motorisée pour suivre la course de l’étoile dans la nuit du 26 juin est recommandée. D’ouverture plus petite mais entièrement automatisés, les télescopes eVscope de la marque Unistellar participeront à ce projet. Si un seul de ces instruments ne saura distinguer le transit, la mise en commun de ces surfaces collectrices de 114 mm de diamètre, réparties en France métropolitaine, peut in fine faire apparaître un creux dans la courbe de lumière de l’étoile – soit la représentation de son éclat en fonction du temps. Une semaine après l’appel de l’AFA, 15 de détenteurs et détentrices d’eVscope ont répondu présent. L’association a pour l’heure recueilli les inscriptions de près de 75 participants. Avant le 26 juin 2021, le dernier transit de WASP-148b visible depuis l’Hexagone aura lieu dans la nuit du 13 au 14 mai.

Pour vous inscrire à cette opération de science citoyenne, rendez-vous sur : https://www.afastronomie.fr/transit-wasp-148b

Impression par la tranche des 2 planètes connues du système WASP-148, situé à 803 années-lumière de nous.
Capture prise via le logiciel Eyes on Exoplanets.

 

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