Hubble surprend l'écho des quasars éteints

Lueurs vertes autour de la galaxie UGC 7342. Crédit : NASA/ESA/University of Alabama

Le télescope spatial a repéré huit nouveaux spécimens d'un étonnant type d'objet céleste, dont le premier exemple n'a été découvert qu'en 2008. Sur les images de Hubble, ils se signalent par leur teinte verdâtre et leur silhouette filamenteuse autour de certaines galaxies.

Selon l'astrophysicien Bill Keel, de l'université d'Alabama, il s'agirait de vestiges de collisions entre galaxies, réfléchissant l'intense rayonnement ultraviolet d’un quasar désormais éteint.

Une découverte du Galaxy Zoo

C'est à une jeune enseignante hollandaise, Hanny van Arkel, que l'on doit la première découverte de ce type en 2008. Tandis qu'elle participe à un programme de science participative en ligne, le Galaxy Zoo, la jeune femme remarque une étrange tache verte à proximité de la galaxie IC2497.

Intrigués, les astronomes tournent leurs télescopes vers l'objet et concluent, en 2010, que « Hanny Voorwerp » (objet de Hanny, en néerlandais) est un vaste nuage de gaz qui réfléchit la lumière ultraviolette émise autrefois par le coeur de la galaxie. Autrement dit, l'observation révèle un écho lumineux.

La piste des quasars

Les huit nouveaux spécimens mis au jour par Bill Keel — aidé par 200 volontaires ayant examiné scrupuleusement 15000 galaxies photographiées par Hubble ! — partagent les propriétés du « Hanny Voorwerp ». Ce sont des nuages qui s'étendent jusqu'à 30 000 années-lumière de leur galaxie.

Surtout, l'émission verte de leur gaz (principalement due à l'oxygène atomique) indique qu'ils ont été violemment éclairés dans l'ultraviolet. Bien plus, en réalité, que l'éclat actuel de leur galaxie ne le laisse présager.

« Ces filaments brillants sont des enregistrements d'événements passés », explique Bill Keel. En réémettant lentement la lumière qu'ils ont reçue, ils témoignent d'une époque où le cœur de leur galaxie voisine était... un quasar, plus actif et à l'éclat beaucoup plus intense.

Huit "Hanny Voorwerp" photographiés par Hubble. © Nasa/ESA/University of Alabama.



Collisions de galaxies

Reste qu'un quasar, en fait un trou noir supermassif entouré d'un disque de matière très échauffé donc très brillant, n'est pas supposé s'allumer ou s'éteindre brutalement. Sauf si on l'inonde soudainement de matière, par exemple à l'occasion d'une rencontre entre deux galaxies...

C'est ainsi que se dessine le scénario suivant : l'objet de Hanny et chacun de ses successeurs seraient en fait les restes d'une petite galaxie entrée en collision et déchiquetée par une autre, plus grosse. Des restes qui, éclairés brièvement par le rayonnement d'un trou noir supermassif, réveillé à cette occasion, réémettraient lentement l'énergie reçue.

Recevez Ciel & Espace pour moins de 6€/mois

Et beaucoup d'autres avantages avec l'offre numérique.

Voir les offres

Commentaires

Nous avons sélectionné pour vous

  • Chang’e 6 est en route vers la Lune

    La sonde chinoise a décollé ce 3 mai avec pour objectif de se poser sur la face cachée Lune et d’en ramener des échantillons. Ce qui serait une première.

  • Disparition du vol MH370 : la piste des données satellites relancée

    Dans l’enquête sur la disparition du vol Malaysia Airlines MH370 en 2014 dans l’océan Indien, les acteurs privés et bénévoles sont en train de reprendre la main en s’appuyant sur des données satellites. De nouvelles recherches en mer sont attendues en suivant notamment l’hypothèse d’un détournement d’avion volontaire. Nous avons détaillé cette piste dans un article précédent.

  • Deux Chinois sur la Lune en 2029, la date se confirme

    L’écart se resserre entre la Chine et les Etats-Unis dans course au pôle sud lunaire. Selon des officiels chinois, tous les voyants sont verts pour que deux astronautes de l’Empire du Milieu foulent le régolite en 2029. Dans le même temps, la mission américaine Artemis 3, prévue pour déposer des humains sur la Lune fin 2026, pourrait encore glisser…