Uranus, la prochaine cible de la Nasa

À l’issue d’un long processus de sélection, la Nasa a désigné ses deux missions phares de la décennie à venir. L’une visera Encelade, satellite de Saturne, et l’autre, la planète géante glacée Uranus. Une première.

Uranus a enfin sa mission d’exploration. Son nom ? Uranus Orbiter and Probe (UOP). Le projet vient d’être sélectionné par la Nasa. L’agence spatiale américaine poursuit ainsi sa ligne de conduite dans l’exploration du Système solaire : survoler d’abord, se mettre en orbite ensuite, puis atterrir.

La phase initiale de reconnaissance a eu lieu avec le survol de Voyager 2 en janvier 1986. Avec UOP, la Nasa vise à cocher en une fois les deux étapes suivantes avec une mise en orbite, mais aussi le largage d’une sonde atmosphérique de 1,26 m de diamètre pour 267 kg. Le lancement d’UOP est prévu pour 2031 pour une mise en orbite en 2044. Il se sera donc écoulé 58 ans entre les phases d’exploration !

La sonde atmosphérique d’UOP sera larguée dans l’atmosphère d’Uranus, puis freinée par un bouclier thermique avant de déployer ses parachutes. Elle pourra ainsi étudier la composition et la structure de l’atmosphère de la planète géante glacée. Le but de la mission est par ailleurs d’étudier ses satellites, son champ magnétique et ses anneaux. À ce jour, 27 satellites sont connus, et quatre d’entre eux font plus de 1000 km. Ariel et Miranda semblent particulièrement intéressants, car leurs canyons et leur luminosité montrent que leur géologie est active. Ces deux corps sont soumis à d’importantes forces de marées d’Uranus.

Uranus partage la vedette avec Encelade

Cette mission à plus de 2 milliards de dollars a été désignée dans le cadre du Decadal Survey de la Nasa. Ce processus mis en place en 2002 sert à sélectionner les missions phares de la décennie à venir. Le verdict de ce troisième round intitulé « Origine, mondes et vie » a engrangé 552 livres blancs proposés par des scientifiques d’universités affiliées à la Nasa, aux États-Unis et à travers le monde. Les propositions ont été réparties dans six catégories : les petits corps du Système solaire, les planètes géantes, Vénus, les planètes océans et les planètes naines, Mars, et enfin les satellites de planètes plus Mercure.

Dans cette procédure, la Nasa a choisi une autre mission « amirale » (« flagship ») : Enceladus Orbilander. Son objectif sera d’aller chercher des biosignatures dans les jets de gaz du satellite d’Encelade, l’un des fascinants satellites de Saturne. La sonde sera composée d’un orbiteur et d’un atterrisseur dont la mission durera 2 ans. On saura ainsi peut-être si la vie a pu émerger dans l’océan situé sous la croûte glacée d’Encelade.

Sans oublier Europe, Mars, Cérès, les comètes… 

En dehors de ces deux missions prioritaires, le Decadal Survey a identifié d’autres missions moyennes. Elles s’inscrivent dans le programme New Frontier. La règle ici est de ne pas dépasser le milliard de dollars. Cette fois-ci, l’attention est portée sur les mondes océans, avec notamment Ceres Sample Return pour rapporter des échantillons de la planète naine Cérès et une mission double Europa Clipper et Europa Lander pour étudier la lune glacée de Jupiter en orbite et à sa surface. D’autres objectifs ont été identifiés comme l’exploration des astéroïdes centaures entre Saturne et Uranus, un retour d’échantillons de comète, et la poursuite de l’effort pour le retour d’échantillons martiens. Le rapport complet de 782 pages est consultable ici.

L’exploration vers Neptune et au-delà attendra

On peut regretter que Neptune ne figure pas dans les priorités de la Nasa pour la prochaine décennie, avec notamment l’étude de son satellite Triton, analogue à Pluton. Mais il s’agit là d’une mission forcément coûteuse, et le rôle du Decadal Survey est d’arbitrer. Il reste aussi tout un champ d’exploration au-delà de Neptune qui lui aussi devra attendre, avec le retour souhaitable vers Pluton, mais aussi l’exploration d’autres planètes naines dont on ne sait presque rien, comme Eris, 68 fois plus éloignée du Soleil que la Terre.

Recevez Ciel & Espace pour moins de 6€/mois

Et beaucoup d'autres avantages avec l'offre numérique.

Voir les offres

Nous avons sélectionné pour vous

  • Deux Chinois sur la Lune en 2029, la date se confirme

    L’écart se resserre entre la Chine et les Etats-Unis dans course au pôle sud lunaire. Selon des officiels chinois, tous les voyants sont verts pour que deux astronautes de l’Empire du Milieu foulent le régolite en 2029. Dans le même temps, la mission américaine Artemis 3, prévue pour déposer des humains sur la Lune fin 2026, pourrait encore glisser…

  • La nouvelle voile solaire de la Nasa sera-t-elle la bonne ?

    Passé les échecs des missions NEA Scout et Gama Alpha, une nouvelle voile solaire vient de gagner l’espace. Faite d’un matériau novateur, ACS3 a pour objectif de naviguer en domptant la pression du Soleil.

  • La Nasa réussit à rétablir le contact la sonde Voyager 1… mais pour combien de temps ?

    Lancée en 1977, la sonde Voyager 1 donne des signes de faiblesse. Depuis fin 2023 les messages qu’elle envoie vers la Terre sont vides de sens. Si la Nasa a en partie réparé l’anomalie, elle bataille pour maintenir le vaisseau en vie. Il faut pour cela se replonger dans les langages informatiques de l’époque…