Un congrès d’astronomie raconté de l’intérieur (V)

Le volcan Rangitoto, excursion de mi-congrès pour les astronomes de l’IAUS329. © Y. Nazé
Le congrès scientifique : un grand classique dans la vie du chercheur ! L’astrophysicienne Yaël Nazé nous dévoile les coulisses de l'un de ces rendez-vous professionnels, qui se tient à Auckland, en Nouvelle-Zélande, du 28 novembre au 2 décembre 2016. Aujourd’hui, excursion sur le Rangitoto.

Un volcan et des posters

Installé sur « la » plage de ce « beach meeting », aucun astronome ne pourra manquer l’île en face, avec sa forme typique : c’est le Rangitoto, un volcan, dont la dernière éruption remonte à 600 ans. De loin, on le voit sombre et menaçant. Mais nous avons eu la chance d’aller le voir de plus près grâce à notre demi-journée de libre.

Voilà donc une bonne centaine d’astronomes prenant le bus, puis le ferry, et gravissant ensuite les sentiers vers le sommet. Chacun à son rythme : certains vont hypervite pour arriver les premiers, d’autres prennent le temps de faire des photos (mon péché mignon) ou de lire les panneaux d’information. Le tout dans un environnement très différent de ce qu’on pouvait imaginer.

Pour changer des posters scientifiques, on lit les panneaux. © Y. Nazé

Non, ce n’est pas que de la lave noire partout. Au contraire, la végétation foisonne, tout comme les oiseaux (et ils sont bavards !) et les guêpes (hélas…). On repère des pièges : associé aux règles très strictes pour les visiteurs (chaussures propres, déchets à reprendre…), cela permet aux Néo-Zélandais d’éliminer les éléments non natifs, pour que l’île retrouve son biotope original. La protection de la nature n’est pas un vain mot, ici !

Impressionnants tunnels de lave

Et puis il y a les détours… On peut évidemment aller directement vers le sommet, mais il y a aussi un chemin de traverse qui porte l’indication « lava caves ». Après un bon quart d’heure de marche, une grotte se dévoile à gauche. Entrée toute petite, réservée aux courageux bien équipés (ou plutôt ayant abandonné leur sac, vu l’étroitesse du réduit). Un peu plus loin, le sentier traverse deux grottes en enfilade. Il fait sombre, le sol est inégal, l’expérience est marquante.

De mon côté, distraction habituelle : je regarde mes pieds et pas au-dessus, donc rencontre crâne-lave inévitable — bam ! Une fois sortie de là, retour sur nos pas, et dernier effort pour atteindre le sommet. On y découvre tout d’abord le cratère, couvert de végétation (c’est assez singulier, on le devine à peine !), puis un escalier mène à un point de vue à couper le souffle, sur la baie d’Auckland et ses îles.

Au sommet du Rangitoto avec Kenji Hamaguchi. © DR

On resterait bien là quelques heures, à méditer, mais pas de bol, nous n’avons que deux heures et demie sur place, 1h45 a déjà passé, et il faut environ 40 minutes pour redescendre… en se dépêchant. Donc photos rapides (j’offre mon aide à quelques collègues, puis eux me prennent en photo avec Kenji Hamaguchi, sur fond de ville), et enfin retour vers la mer en quatrième vitesse.

Pour souffler un peu, j’entame une nouvelle promenade, aux abords de l’hôtel. C’est ainsi que je tombe nez à bec avec deux oiseaux très jolis et plutôt atterrés de me trouver là : une gallinule sombre et un tui. En pleine ville, dans les arbres, certes, mais quand même. La Nouvelle-Zélande est pleine de surprises…

Et la science dans tout cela ?

Au congrès, je n’ai pas encore fini mon tour des posters, j’en ai vu environ la moitié. Dans le lot, il y a évidemment des choses amusantes : le poster qui brille par son absence, le poster en voie de dislocation, le poster déposé en contrebande sous un poster officiel « ami », ou encore les designs particuliers pour être sûr de marquer les esprits… On a aussi les accessoires pour attirer l’attention, comme un modèle réduit d’Êta de la Carène imprimé en 3D (les fichiers sont disponibles librement sur le web, si ça vous intéresse).

 

Tout est bon pour attirer l’œil ! © Y. Nazé

Mais l’imagination n’a pas de limites. Voici qu’un poster vous offre la possibilité de plonger dans une modélisation des interactions entre les vents des étoiles massives proches du centre galactique, grâce à un QR code et un smartphone. C’est assez bluffant.

Au fait, voici le mien, de poster. © DR

Au rayon contenu, des choses amusantes : la théorie qui montre que les disques circumstellaires sont détruits par les champs magnétiques, même très faibles — ce qui explique la non-détection de champs magnétiques pour les étoiles Be ; si elles en avaient un, elles n’auraient plus de disques et ne seraient plus des Be !

On note aussi le manque de compagnons pour les étoiles jeunes de M17. Une chose étrange puisque beaucoup d’étoiles massives (certains disent toutes) en possèdent ! Et puis bien sûr de nombreux résultats, même préliminaires, de « surveys » pour chercher des groupes d’étoiles massives particulières (Be, WR) dans des galaxies proches, ou encore des études ciblées sur un objet en particulier, l’évaluant sous toutes les coutures.

Demain, il faut que je termine ma tournée posters !

 

 

 

 

Découvrez les autres billets de Yaël Nazé sur le congrès d'Auckland, consacré aux étoiles massives.

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