Le vol de Richard Branson aurait pu mal finir. C’est ce qu’annonce le New Yorker dans un article publié en ligne le 1er septembre 2021. Dimanche 11 juillet, après quelques minutes de vol à plus de 80 km d’altitude, le milliardaire est paru tout sourire sur le tarmac de Spaceport America. Pourtant, la piste d’atterrissage du spatioport privé de l’entreprise aurait pu n’être jamais atteinte par son vaisseau Spaceship Two.
Voyant rouge pendant l’ascension
Pendant la phase d’ascension, tandis que grondait le moteur de l’avion-fusée, un voyant s’est allumé dans le cockpit occupé par les deux pilotes, Dave Mackay et Mike Masucci. D’abord de couleur jaune à près de 30 km d’altitude, la lumière a viré au rouge indiquant un problème grave, à quelques secondes du terme de la combustion – qui s’est effectuée comme prévue pendant 60 s. Cause de l’alerte ? Un défaut de trajectoire.
Voyageant alors à presque 3 fois la vitesse du son, Spaceship Two ne serait pas parvenu à se dresser suffisamment à la verticale et aurait dérivé en dehors du cône d’espace prévu pour son vol. Se maintenir dans cette région du ciel pendant la montée, puis la descente, est la garantie pour Spaceship Two de pouvoir atteindre la piste d’atterrissage lors de sa dernière phase de vol : c’est-à-dire en planant. Selon l’ampleur de l’erreur, pilotes et équipage (au total six personnes ce jour-là) risquent un atterrissage d’urgence dans le désert du Nouveau-Mexique.
Revoir notre émission dédiée au vol de Spaceshiptwo. Largage du vaisseau à 55:28.
Si telle éventualité ne s’est finalement pas produite le 11 juillet 2021, le New Yorker indique que Spaceship Two a volé pendant 1 minute et 41 secondes hors de la zone allouée par la Federal Aviation Administration. Plus grave, l’article relate que les pilotes ont poursuivi le vol en connaissant la gravité de telles alertes. Lors d’une réunion en 2015 à laquelle ils étaient présents, on leur a indiqué qu’une lumière jaune devait « les effrayer » car « quand elle devient rouge, cela veut dire que c’est trop tard ». Mike Masucci aurait concédé ce jour-là le caractère « effrayant d’un affichage rouge ».
Risques sous-estimés ?
Passé l’accident mortel du 31 octobre 2014, d’autres déconvenues plus récentes sont décrites par le New Yorker. En juillet 2018, Dave Mackay et Mike Masucci auraient perdu le contrôle du vaisseau pendant un vol d’essai. Puis en février 2019, avec l’ingénieure Beth Moses à bord, une pièce de Spaceship Two se serait décollée, mettant en péril l’intégrité de l’engin. Le New Yorker pointe en passant des négligences en matière de sécurité de la part de Virgin Galactic. Notamment le limogeage, huit jours après le vol de Richard Branson, de Mark Stucky, ex-directeur des vols d’essai, présenté comme critique à l’égard du manque de transparence des pilotes de Virgin face aux difficultés qu’ils rencontrent en vol.
Virgin dément
Dans un communiqué diffusé le jour même, Virgin Galactic a démenti les failles de sécurité exposées par le New Yorker, imputant la trajectoire empruntée par son vaisseau à des vents de haute altitude, et réaffirmant la confiance donnée à ses pilotes. Dans la foulée, la société spatiale a confirmé la tenue de son prochain vol, fin septembre au plus tôt, avec pour passagers Beth Moses (qui en sera à son troisième vol) et trois membres de l’armée de l’air italienne.
Puis l’entreprise compte laisser sa flotte au sol pendant 8 mois, le temps d’améliorer son avion porteur WhiteKnight et conduire des tests sur un nouvel exemplaire de son avion spatial. Depuis le 11 juillet, la vente des billets pour un vol à bord du Spaceship Two a repris. Prix du siège : 450 000 $.