Épisode 28 : Dans l’espace !
« L'ISS, c'est encore mieux que ce que j'imaginais.
Au début bien sûr, on est un peu désorienté et malhabile. D'abord, contrairement aux maquettes sur lesquelles on s'entraîne sur Terre, il n'y a ni haut ni bas ici. Ensuite, il faut apprendre à maîtriser l'apesanteur et faire attention à ne pas prendre trop de vitesse lorsqu'on se déplace. On se cogne facilement ! Mais l'adaptation ne dure que quelques heures.
Lorsque Peggy, Oleg et moi sommes arrivés à bord de la station, l'équipage était content de nous voir. Depuis plusieurs semaines, ils n'étaient plus que trois là-haut. Shane nous avait préparé à manger. Nous avons commencé par faire une conférence de presse. Puis j'ai pu discuter par téléphone avec ma compagne Anne. J'ai bien senti que ça la rassurait, ainsi que toute la famille, de pouvoir me parler. Le décollage a été très impressionnant pour eux. Il étaient stressés depuis plusieurs semaines et là, en voyant que j'allais bien, que j'étais content, ils ont commencé à se relaxer.
Shane nous a ensuite montré nos couchettes, puis des petits trucs de base comme « comment faire sa toilette », et nous avons enfin passé une bonne heure à repérer la position des équipements d'urgence. Pour le cas où – par malchance ! – il y aurait un problème à bord juste après notre arrivée. Ensuite, nous sommes allés nous coucher et pour ma première nuit dans la station spatiale... j'ai super bien dormi !
Bien sûr, j'ai découvert la Cupola, d'où l'on voit si bien la Terre. Si je m'écoutais, j'y passerais des nuits entières. Au début, j'ai pris beaucoup de photos, souvent ratées ! À un moment, j'ai arrêté car je ne profitais plus du spectacle.
Premiers regards vers la Terre
Ce qui frappe d'abord lorsqu'on regarde notre planète depuis l’espace, c'est l'étendue des océans. En fait, on passe beaucoup de temps au-dessus de l'eau ! Ensuite, on a du mal à réaliser qu'on embrasse des centaines de kilomètres d'un seul regard.
J’adore traverser l'Atlantique, passer au-dessus de New York, puis Paris à dix minutes d'intervalle.
En tant que pilote, j'ai l'habitude de voir la Terre de haut, mais là c'est carrément une autre dimension. Un exemple : lors de mon premier passage au-dessus de la France, j'ai facilement trouvé Paris. Et puis, je voyais une ville à côté, vers le sud-est. Qu’est-ce que ça pouvait bien être ? Eh bien, c’était Lyon ! En fait, je voyais jusqu’à la Méditerranée...
Les villes se voient de loin la nuit. Mais finalement, de jour, on distingue bien peu de structures humaines vu de l'espace. Et on se sent bien petit. »
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