Le journal de Thomas Pesquet (2) : Mars au fond de l’océan

Simulation de sortie spatiale par 25 m de fond au large de la Floride. © Nasa/Neemo
L'astronaute de l’ESA Thomas Pesquet doit s’envoler en novembre 2016 vers la station spatiale internationale et séjourner six mois à bord. Une mission pour laquelle il s’entraîne depuis deux ans. Chaque mois, il raconte les coulisses de cette préparation aux lecteurs de « Ciel & Espace ».

Épisode 2 : Mars au fond de l’océan

Au mois de juillet 2014, j’ai eu la chance de participer à une mission Neemo (pour Nasa Extreme Environment Mission Operations) : neuf jours dans la base sous-marine Aquarius, au large de la Floride, par 25 m de fond. Cela restera un grand souvenir.

Ces missions de la Nasa ne font pas partie de l’entraînement obligatoire pour voler sur la station spatiale internationale (ISS). Elles sont plutôt tournées vers le plus long terme, l’exploration humaine du Système solaire. Mais l’agence spatiale américaine y invite régulièrement des astronautes de l’ESA, de la même manière que des astronautes américains sont invités aux missions Caves [entraînement ESA en grotte d’équipages multiculturels, NDLR].

Dans la base, nous étions six. Deux scaphandriers pour la maintenance, et quatre astronautes organisés comme pour une vraie mission spatiale. Par souci de réalisme, un délai de dix minutes était même appliqué sur toutes les communications depuis et vers l’extérieur. J’étais responsable de l’informatique, de la logistique. On n’imagine pas à quel point le rangement est important dans ce genre de mission : dans l’ISS, il y a une énorme base de données où la place de la moindre brosse à dents est consignée !

Pause repas dans le module Aquarius. © Nasa/Neemo

J’étais aussi en charge des sorties extravéhiculaires qui nous ont permis de tester d’abord un scénario selon lequel nous étions censés explorer un astéroïde. Donc sous gravité nulle, avec des poids ajustés pour rester en suspension, etc. Forer lorsqu’on est soi-même en apesanteur, ça n’est pas évident. Utiliser un marteau-piqueur, idem. D’autant que même lorsqu’on arrive à casser la roche, les échantillons se dispersent en flottant ! La Nasa a développé toute une série d’outils spécifiques que nous devions essayer.

Avec ma carte et ma boussole… au fond de l’ocean

Dans un deuxième scénario, nous étions sur une petite planète, type Mars. Il s’agissait de tester une méthode d’exploration de l’environnement du module de vie. Avec ma boussole et ma carte, en train de marcher sur le fond de l’océan à 200 m de la base, je me suis vraiment pris au jeu. Il n’y avait aucun des repères habituels, c’était extrêmement dépaysant. Et le mot n’est pas assez fort !

Après un bref passage en France et deux semaines à Moscou, je serai à Houston à la fin du mois d’août pour passer ma qualification à la manipulation du bras robot de la station internationale et finaliser mon apprentissage sur les systèmes de l’ISS (génération électrique, contrôle thermique, support vie, etc. !).

 

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