Le journal de Thomas Pesquet (1) : Le plongeon du Soyouz

Stage de survie en cas d’amerrissage du Soyouz. © GCTC
L'astronaute de l’ESA Thomas Pesquet doit s’envoler en novembre 2016 vers la station spatiale internationale et séjourner six mois à bord. Une mission pour laquelle il s’entraîne depuis deux ans. Chaque mois, il raconte les coulisses de cette préparation aux lecteurs de « Ciel & Espace ».

Épisode 1 : Le plongeon du Soyouz

J’ai passé beaucoup de temps en Russie ces derniers mois. Je dois suivre mon entraînement, mais aussi celui d’Andreas Mogensen, car je suis sa doublure pour son vol de dix jours en 2015. En avril 2014, j’ai terminé ma formation théorique de 20 semaines sur le fonctionnement du vaisseau Soyouz. Ce qui a d’ailleurs donné lieu à un examen oral très solennel, dans la plus pure tradition du programme spatial russe !

Et fin juin, j’ai suivi un stage de survie en milieu aquatique, près de Moscou. La capsule du Soyouz n’est pas censée atterrir dans l’eau, mais en cas d’urgence, s’il fallait quitter rapidement l’orbite et se poser n’importe où, elle peut le faire. J’ai suivi le stage avec Andreas et Sergueï Volkov, qui sera le commandant du vol de 2015. Les deux premiers jours, on nous a appris la théorie : comment faire en sorte que la capsule ne coule pas, comment attendre les secours dans la capsule, comment enfiler notre protection thermique, comment sortir et dans quelles circonstances, etc. Ensuite, on nous a mis dans le Soyouz, et on l’a mis à l’eau !

Se contorsionner pour enfiler la combinaison “truite”

La difficulté, ici, est que trois personnes doivent se changer dans un espace qui n’est pas gigantesque. Il faut se contorsionner pour mettre les différentes couches de protection thermique (les mêmes vêtements utilisés pour la survie en milieu hivernal), la combinaison “truite” (étanche), et tout ça pendant que les instructeurs, évidemment, secouent la capsule pour simuler les vagues. Se changer dans le Soyouz prend une heure et demie, et dès que la combinaison étanche est enfilée, avec les sous-couches de protection thermique, la température du corps monte très, très vite. Il faut bien se ventiler.

Les astronautes se placent en étoile en attendant les secours. © GCTC

Une fois hors de la capsule, si nous devons la quitter, la procédure consiste à se mettre en étoile, en s’accrochant par les pieds, avec chacun nos bouées et une partie de l’équipement de survie, dont six litres d’eau. Dans les cas d’urgence où nous n’avons pas pu nous changer, la combinaison spatiale peut-être gonflée, mais nous n’avons pas de protection thermique…

Je ne quitte pas le milieu aquatique puisque fin juillet, je suis en mission dans la base sous-marine Aquarius, en Floride, où la Nasa simule des séjours en environnement spatial. À suivre !

 

Découvrez l’épisode 2 du journal de Thomas Pesquet.

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