La planète Proxima du Centaure b, faussement habitable

Vue d'artiste de la surface de Proxima du Centaure b. © M. Kornmesser/ESO
La planète Proxima Centauri b est probablement dénuée de toute atmosphère. C'est ce que suggère une étude américaine, qui remet en cause l'habitabilité de la plus proche exoplanète jamais détectée.

Une petite planète tellurique gravite dans la zone habitable de Proxima Centauri, l'étoile la plus proche du Soleil. Lorsque sa découverte a été annoncée en août 2016 par l'équipe de Guillem Anglada-Escudé, l’exoplanète Proxima Cen b faisait figure de cible idéale pour la recherche de vie extraterrestre. En effet, la zone habitable est la région autour de l’étoile où il ne fait ni trop chaud ni trop froid pour que l'eau puisse subsister à l'état liquide à la surface d'une planète.

Proxima, une étoile colérique

Il existait des réserves toutefois, que nous avions relayées dans notre article de l'époque : notre voisine stellaire est une naine rouge, c'est-à-dire une étoile extrêmement active, siège d'énormes éruptions émettant des rayons X et ultraviolets très énergétiques, peu propices au développement de la vie. Or, Proxima Cen b évolue tout près de cet astre colérique : elle boucle sa révolution en seulement 11 jours. Elle est donc particulièrement exposée aux violentes bouffées de son étoile.

Déshabillée de son atmosphère en 100 millions d'années

Un an après, les conclusions d'une équipe américaine renforcent les doutes sur l'habitabilité de la planète. Ces chercheurs menés par Katherine Garcia-Sage (centre Nasa Goddard) ont modélisé sur ordinateur l'évolution d'une sœur jumelle de la Terre placée à la même distance de l'étoile que Proxima Cen b.

Résultat : selon la configuration du champ magnétique entourant l’exoterre et la température de son atmosphère, cette dernière s'échapperait totalement en l'espace de 100 millions à 2 milliards d'années, annihilant ainsi toute chance pour la vie telle qu'on la connaît.

L'effet pervers du champ magnétique

Le processus est le suivant : en pénétrant dans l'atmosphère, les rayons énergétiques arrachent leurs électrons aux molécules, produisant des particules chargées. Aussi appelées ions, ces particules peuvent s'échapper dans l'espace, entraînant avec elles les molécules voisins.

Ce phénomène d'échappement peut être contré par la présence d'un champ magnétique. Mais dans son étude, l'équipe montre que, pour les naines rouges, le taux d'ionisation est tel que le champ magnétique renforce le phénomène plutôt qu'il l'atténue.

Des planètes stériles autour des naines rouges ?

Les auteurs estiment que leur résultat remet en question l'habitabilité de toutes les planètes circulant autour des naines rouges. Ces étoiles sont pourtant des cibles de plus en plus prisées par les chasseurs d'exoplanètes. Comme elles sont moins lumineuses que les étoiles de type solaire, leur zone habitable est plus proche, ce qui rend la détection de planètes habitables plus facile. En effet, plus une planète est proche de son étoile, plus elle exerce sur elle son influence gravitationnelle et plus elle trahit sa présence.

L'étude est publiée dans la revue Astrophysical Journal Letters.

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