Le journal de bord Thomas Pesquet (19)

Oleg, Peggy et Thomas devant des gâteaux aux emblèmes des missions 50 et 51 sur l'ISS. © Nasa/J. Blair
L'astronaute Thomas Pesquet deviendra en novembre 2016 le dixième Français à voler dans l'espace. Chaque mois, il raconte les coulisses de son entraînement aux lecteurs de « Ciel & Espace ». Découvrez le quotidien de celui qui s'apprête à vivre six mois sur orbite à bord de la station spatiale internationale (ISS).

Épisode 19 : 2016, l'année du départ

« 2016 ! Je pars dans l'espace le 16 novembre, sept ans après avoir été sélectionné comme astronaute par l'Agence spatiale européenne. Ma montre tient le décompte au jour près... C'est l'occasion de faire le point sur mon entraînement.

D'ici novembre, je vais devoir beaucoup travailler sur les expériences scientifiques que j'aurai à mener dans l'ISS. Les expériences européennes, bien sûr, mais aussi les expériences américaines et japonaises, qui n'ont pas encore été toutes décidées — du moins en ce qui concerne les expériences de science « dure ». Ce sera le gros morceau des mois à venir.

Mon entraînement sur le pilotage du Soyouz, lui, est pratiquement terminé. En fait, il l'était déjà lors de la mission d'Andy Mogensen en septembre. J'étais sa doublure, et j'avais dû tout apprendre pour pouvoir le remplacer en cas de pépin. Avant ma propre mission, je vais bien sûr refaire quelques séances de simulateur. Pour préparer les sorties dans l'espace, je vais aussi continuer à plonger en scaphandre dans la grande piscine de Houston, où est immergée une réplique de l'ISS. Sur ce point, je dois encore réaliser 50% de mon programme d'entraînement.

Du côté des procédures d'urgence et des premiers secours dans la station, j'ai vu tout ce que l'on pouvait faire avec un équipage de trois personnes (pendant deux semaines, entre le départ d'un Soyouz qui emporte la moitié de l'équipage et l'arrivée d'un autre, nous ne sommes que trois dans la station). Maintenant, il reste à refaire l'entraînement à six. A priori, ça sera plus simple !

En ce qui concerne l'électricité et la plomberie — je veux dire, les différents systèmes, la logistique et le support-vie —, je suis OK. 100% du programme a été fait et j'ai réussi mes examens. Quant à la manipulation du bras robot canadien, j'ai encore environ un tiers de l'entraînement devant moi.

En haut à gauche, décompte des jours avant lancement ! Crédit : Thomas Pesquet
En haut à gauche, décompte des jours avant lancement ! © T. Pesquet

De Houston...

J'étais à Houston du 4 au 18 janvier et j'y ai d'ailleurs consacré pas mal de temps. Le bras robot de la station sert d'une part à capturer les cargos ravitailleurs automatiques — qui s'approchent jusqu'à 10 m de l'ISS, mais pas plus —, et d'autre part à transporter les astronautes lors des sorties extravéhiculaires.

À l'entraînement, la Nasa teste notre capacité à ramener rapidement un astronaute près de la station, sans la percuter bien sûr. La difficulté, pour celui qui pilote le bras, c'est d'avoir une bonne vision de la situation à l'extérieur. Car l'ISS est une structure compliquée, et nous n'avons pas des caméras partout ! La règle est de ne jamais approcher le bras à moins de 60 cm de la station. Exceptionnellement, on peut descendre à 30, 20 cm... Mais là, c'est délicat...

... à Tsukuba

Après Houston, j'ai passé une semaine à Tsukuba, au Japon, pour poursuivre mon entraînement sur le module scientifique Kibo. Il est remarquablement bien fait, avec un sas et un système de table rétractable qui permet de déployer des charges utiles à l'extérieur. Il possède aussi un bras robot, dont on se sert pour lancer des microsatellites, ou pour échanger des charges avec le bras canadien.

Aujourd'hui, je rentre à Cologne. Mais pour deux jours seulement : je repars en Russie !

Les emblèmes des expéditions 50 et 51 sur l'ISS. © Nasa

Au fait, les emblèmes des expéditions 50 et 51 de l'ISS, les deux auxquelles je participe, ont été choisis. C'est toujours le commandant de l'expédition qui décide de son design, mais en général il implique son équipage. Enfin, ça dépend de son caractère... Peggy [l'Américaine Peggy Whitson, NDLR], qui a déjà été commandante (elle a même été la première femme à commander une mission sur l'ISS, en 2007) m'a beaucoup fait participer à leur conception. Lequel préférez-vous ? »

 

Découvrez l’épisode 20 : Survivre trois jours en Sibérie

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