Claudine Rinner découvre sa troisième comète

La comète P/2013 CE31 photographiée le 18 février 2013 par l'astronome amateur Jean-François Soulier avec son télescope de 300 mm. Crédit : Jean-François Soulier / 6888comete.free.fr

Jamais deux sans trois pour l'astronome amateur Claudine Rinner, qui vient de découvrir une nouvelle comète depuis l'observatoire de l'Oukaimeden, au Maroc.


Une découverte entre le Maroc et Hawaï


Les 5 et 6 février 2013, Claudine Rinner découvre un nouvel astéroïde, avec son télescope de 500 mm installé dans l’Atlas marocain et piloté à distance. Fait ordinaire pour cette recordwoman française qui en compte plusieurs milliers à son actif ! « Cette découverte en est une parmi plus de 300, cette semaine-là », relativise-t-elle.

L’objet reçoit dans un premier temps le matricule 2013 CE31, selon la nomenclature propre aux astéroïdes.

Mais, indépendamment, l’astre a été détecté par les astronomes Richard Wainscoat et Larry Denneau, de l’université d'Hawaï sur des images prises le 9 février 2013 avec le télescope de 1,8 m Panstarrs. Richard Wainscoat ne nous est pas inconnu puisque c'est le découvreur de la comète C/ 2011 Panstarrs L4, bien visible en mars prochain.

Panstarrs, plus puissant que le télescope amateur de Claudine Rinner, dévoile une queue très courte de 1' (soit 1/30 de la taille apparente de la Lune). Celle-ci trahit sans équivoque la nature cométaire de 2013 CE31. Finalement, l'objet est nommé P/2013 CE31 (MOSS), MOSS désignant le télescope Moroccan Oukaimeden Sky Survey.

Ci-dessous, Claudine Rinner dans la coupole de l'observatoire MOSS. ©Serge Deconihout.


Portrait robot de la comète

Le matricule P/2013 CE31 nous indique que cette comète est périodique. Elle fait partie des comètes de la famille de Jupiter. Ce sont des objets dont la période est inférieure à 20 ans.

En l'occurrence, elle met 10 ans et 248 jours à faire le tour du Soleil. Du coup, son orbite est assez proche de celle de la planète Jupiter (dont la période est voisine de 12 ans). La comète passe la majeure partie de son temps à l'intérieur de l'orbite jovienne, mais se situe parfois légèrement plus loin. Pour autant, elle ne coupe pas la trajectoire de la planète géante et ne menace donc pas de tomber dessus à moyen terme.

L'excentricité de cette trajectoire est assez faible, elle est proche d'un cercle. Du coup, l'astre ne s'approche jamais trop du Soleil. P/2013 CE31 ne fait donc pas partie des comètes capables de produire un grand spectacle pour les astronomes amateurs ; elle restera visible uniquement avec des moyens pointus et un détecteur numérique.


Mais aussi  un objet rare

Mais il y a la plus, début février, Claudine Rinner a découvert un objet encore plus rare : un astéroïde Centaure, baptisé 2013 CV28. Il s'agit de corps glacé dont l'orbite n'est pas stabilisée et qui deviendra sans doute une comète à courte période d'ici plusieurs milliers d'années.

La succes story continue

Claudine Rinner n'a installé son télescope au Maroc que depuis l'automne 2011. Deux mois après la mise en route, elle découvrait sa première comète : P/2011 W2 (Rinner). Quelques jours plus tard, elle débusquait l'astéroïde géocroiseur 2011 VP 12. Et dès le 13 février 2012, elle épinglait sa seconde comète : C/2012 CH 17 (MOSS).

Lorsqu'un astronome amateur trouve une comète, c'est souvent un coup de chance. Dans le cas de Claudine Rinner, c'est surtout le fruit de la ténacité et de la passion. On ne découvre pas trois comètes en moins de 2 ans par hasard.


Pour en savoir plus, nous vous invitons à vous reporter à notre article complet sur la découvreuse, publié dans le numéro de février 2012 de Ciel & Espace.

Ci-dessous, l'observatoire de l'Oukaimeden. © JL Dauvergne.

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