LA VÉRITABLE COULEUR DE LA COMÈTE EST GRISE !

La comète 67P/Churyumov-Gerasimenko, photographiée le 6 août 2014 par la caméra Osiris de la sonde Rosetta. ©ESA/Rosetta/MPS for Osiris Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA.

Il y a quelques semaines circulait une photo soi-disant en vraies couleurs montrant la comète « Chury » teintée de marron, en réalité elle est plutôt grise, voire légèrement verte.


Une comète sombre comme le charbon


En utilisant des filtres rouge, vert et bleu, l'équipe de la sonde Rosetta a obtenu une image de la comète Churyumov-Gerasimenko, telle qu'on la verrait à l'œil nu. Un gris avec de très faibles nuances vertes, à peine perceptibles comme le montre la photo ci-contre.


Et même comme cela, l'apparence de Chury est un peu trompeuse. Elle est en réalité d'un gris assez foncé, légèrement plus sombre que du charbon. L'ajustement du temps de pose de la caméra permet de ne pas avoir une image trop foncée.

Ci-dessous, une vue de la comète avec une augmentation de la saturation montre qu'elle a une faible dominante verte.

Cette photo n'est pas nouvelle. Elle date d'août 2014, mais elle vient seulement d'être publiée par l'Agence spatiale européenne (ESA). Contrairement à des missions américaines comme Cassini ou Curiosity, l'ESA a malheureusement décidé de ne pas partager avec le public les images de la caméra à haute résolution Osiris.


Seulement quelques-unes ont été diffusées au compte-gouttes. En fait, la majorité des images de la comète que nous avons pu voir jusqu'à présent proviennent de la caméra de navigation de Rosetta, bien moins résolue qu'Osiris.


L'emballement des réseaux sociaux


Or, fin novembre 2014, l'Union américaine de géophysique annonçait le programme de son congrès de fin d'année à San Francisco. L'un des sujets, « Les variations de couleur sur 67P/Churyumov-Gerasimenko », était accompagné d'une photo de Chury couleur pain d'épice.


Très vite, les réseaux sociaux se sont emballés au sujet de cette image, où elle était présentée - à tort - comme une vue réaliste de la comète. Car, sur la page du congrès en question, rien n'indique qu'il s'agit de vraies couleurs. Au contraire, on peut supposer que cette vue a été obtenue en combinant des informations prises depuis l'ultraviolet jusqu'au proche infrarouge : « La cartographie intégrera des clichés pris sur le spectre complet de la caméra à haute résolution Osiris (245 nm à 1000 nm à travers 11 filtres). »


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