Une planète bleue à 63 années-lumière de la Terre

Vision d'artiste de l'exoplanète HD 189733b. Crédit : NASA, ESA, M. Kornmesser

La couleur de la planète extrasolaire HD 189733b, découverte en 2005, vient d'être déterminée grâce au télescope spatial Hubble. Si nous pouvions contempler de près cet astre situé à 63 années-lumière, il nous apparaîtrait d'un bleu profond. C'est en mesurant la lumière que la planète réfléchit dans les longueurs d'onde visibles que les astronomes ont réussi à déterminer sa couleur.

Une affaire de soustraction

« Des mesures difficiles à réaliser, à cause de l'éclat de l'étoile de HD 189733b », explique Frédéric Pont, qui a participé à l'étude. Pour y parvenir, les astronomes ont suivi l'occultation de la planète par son étoile avec le spectrographe du télescope spatial Hubble.

« Nous avons vu la partie bleue du signal diminuer lorsque la planète a disparu derrière son étoile » poursuit Frédéric Pont. C'est que l'éclat bleuté de HD 189733b était soudain soustrait à la luminosité totale planète+étoile, captée par Hubble.

Dans les années 2008-2010, en analysant la polarisation de la lumière de HD 189733b, l'astronome Svetlana Berdyugina avait déjà noté qu'elle devait être bleue. « Ce résultat n'est donc pas nouveau en soi », note Vincent Coudé de Foresto, de l'observatoire de Paris.

« Cependant, c'est la première fois que l'on mesure directement la réflectivité de l'atmosphère de la planète », poursuit l'astronome. Les longueurs d'onde supérieures à 600 nm, qui correspondent notamment au rouge, n'ont toutefois pas été analysées.

Bleue, mais très différente de la Terre

Cette planète bleue est en réalité très différente de la Terre. Il s'agit en effet d'une planète géante, encore plus grande que Jupiter, qui tourne très près de son étoile, à seulement 1/30 de la distance Terre-Soleil.

Sa couleur azur ne serait donc pas due à des océans d'eau, mais plutôt à la présence de grains de silicate (semblable au verre) dans l'atmosphère. Les astronomes soupçonnaient déjà leur existence grâce à des mesures effectuées lors du transit de la planète devant son étoile. Ces particules diffusent fortement les longueurs d'onde bleues.

Des pluies de verre

En plus d'une composition exotique, l'exoplanète possède un environnement extrême. La température est telle que le silicate pourrait se condenser et engendrer des pluies de verre. Des mesures du satellite infrarouge Spitzer indiquent en effet des températures de presque 700°C sur la face sombre et plus de 1000°C sur la face éclairée.

« D'après nos modèles, une telle différence de température doit engendrer des vents très violents à la surface », souligne Frédéric Pont. Ces tempêtes dépasseraient les 7000 km/h, une vitesse supersonique qui provoquerait des ondes de choc. À supposer qu'elle soit possible, la vie sur HD 189733b ne serait pas facile tous les jours.

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