Un an sur Mars (ou presque) : c’est fini !

HI-SEAS IV
Après 365 jours enfermés dans une base à Hawaï, les cinq membres d’équipage, dont un Français, sont enfin sortis. Ils simulaient une mission longue à la surface de la planète Mars.

Les futurs voyages spatiaux risquent de durer des mois, voire des années. Afin de connaître les conséquences psychologiques d’un tel enfermement sur un équipage, une nouvelle simulation d’enfermement de longue durée vient de s’achever le dimanche 28 août 2016, à 21h (heure française). Elle s’est déroulée sous un dôme de 11 mètres de diamètre au Mauna Loa, à Hawaï, pendant une année complète. Cette mission, nommée HI-SEAS IV (pour Hawaii Space Exploration Analog and Simulation), est financée par la Nasa. Elle rejoint le palmarès des missions longues, derrière le record russo-européen de Mars 500.

L'équipage de la mission HI-SEAS. © Sheyna Gifford/Hi-SEAS

Un équipage international

Les membres d’équipage sont Carmel Johnston (scientifique environnemental), Christiane Heinicke (physicienne allemande), Andrzej Stewart (membre d’équipe Nasa), Sheyna Gifford (astrophysicienne américaine), Tristan Bassingthwaighte (doctorant en architecture à Shanghai) et Cyprien Verseux, seul français du groupe issu de la promo 2013 de Sup’Biotech. Ces « cobayes » ont une fois de plus démontré que des êtres humains peuvent cohabiter ensemble en isolation sans s’entretuer, tout en s’adaptant à un nouveau rythme de vie.

Les communications avec l’extérieur étaient en effet extrêmement limitées : délais de plus de 20 minutes pour chaque message, vidéos rares, pas d’accès instantané à l’Internet mondial. Tout comme la nourriture, réduite au minimum vital. Les six membres ont de plus du vivre ensemble dans un espace confiné, sans aucune sortie au soleil, avec peu d’activités (ils ont beaucoup tricoté selon leurs premières déclarations). Ce type de test est très utile pour établir les profils psychologiques des futures missions spatiales de longue durée.

Des simulations utiles ?

La pertinence de tests de ce type reste toutefois sujette à caution. Dans Ciel & Espace de juillet-août 2016, notre enquête examine tous les points susceptibles de remettre en question l’utilité des simulations de séjours sur Mars. Par exemple, les simulations ne comportent-elles pas de larges failles liées à l’absence de ce qui risque de réellement poser problème ? Tout d’abord, l’absence de gravité lors du voyage et la microgravité martienne ne peuvent pas être simulées. Impossible donc de connaitre l’impact sur le corps au long terme. Sans oublier les radiations émises par les vents solaires, face auxquelles les ingénieurs n’ont toujours pas conçu de matériau suffisamment protecteur pour un long voyage.

Ensuite, du fait de l’absence de ces risques, et de la possibilité d’arrêter immédiatement l’expérience en cas de problème grave, l’instinct de survie est le grand absent de ces expériences. Que se passe-t-il dans la tête de six astronautes au bout de six mois de voyage, perdus dans l’espace, pris entre la peur de mourir à chaque instant et l’excitation d’explorer une nouvelle planète ? Ces questions demeurent d’autant plusd’actualité que les résultats des nombreuses expériences déjà menées (telles que Mars 500) se font toujours attendre.

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