Le Luxembourg veut exploiter les astéroïdes

Vue d'artiste d'un astéroïde en cours d'exploitation. Crédit : DR.

Après les Etats-Unis, le Grand-Duché prend une initiative destinée à favoriser les investisseurs privés dans l'exploration et l'exploitation des petits corps rocheux en orbite solaire.

Dans « La chasse aux météores » de Jules Verne, où toute une ville vit dans la crainte d'un bolide géant, la découverte d'or excite la passion de deux astronomes amateurs désireux de s'approprier cette richesse cosmique. Cent huit ans plus tard, l'attrait pour les richesses des petits corps du Système solaire n'a pas faibli. Ce mercredi 3 février, le vice-premier ministre luxembourgeois Etienne Schneider, en charge du portefeuille de l'économie, a présenté une « initiative » pour attirer les investisseurs vers des programmes d'exploration, puis d'exploitation des astéroïdes. Cette initiative, qui sera présentée au parlement du Luxembourg à la rentrée de septembre, suppose la mise en place d'une ligne budgétaire dédiée, l'établissement de règles chargées de favoriser l'installation d'entreprises, le tout en vue de développer des partenariats public-privé. Pour cet État membre de l'Agence spatiale européenne (ESA) qui abrite l'un des tout premiers opérateurs mondiaux de satellites - le groupe SES -, l'affaire est sérieuse. La preuve : Jean-Jacques Dordain, directeur général de l'ESA de 2003 à 2015, est chargé de coordonner cette initiative pour lui donner toutes les chances d'aboutir.

La chasse aux terres rares

Contrairement aux héros de Jules Verne ce n'est pas l'or qui intéresse d'éventuels investisseurs mais l'extension de la sphère économique au-delà de la Terre. Autant pour en tirer profit en collectant - quand cela sera possible - des métaux rares comme le platine et le palladium, qu'en se frottant aux problèmes des techniques d'extraction robotique. « Je ne suis pas sûr que ce soit plus simple au fond des mers que dans l'espace », explique Jean-Jacques Dordain, persuadé que des entrepreneurs non spatiaux, comme les grandes compagnies gazières et pétrolières, pourraient bien être intéressés par ces recherches « sans risques pour l'environnement ».

L'exploration d'abord

La mise en place d'un plan d'action suppose d'identifier les astéroïdes géocroiseurs les plus intéressants et de les caractériser. C'est-à-dire de les décrire avec précision - orbite, vitesse, composition - avant de les rejoindre, de s'y poser - voire les dévier - puis de creuser, d'extraire, de transformer sur place leurs ressources avant de les ramener sur Terre. « J'ai passé ma vie à transformer des menaces en opportunités. Voilà une excellente opportunité de continuer à le faire », commente J.-J. Dordain. L'ancien D.G. de l'ESA n'ignore pas la part de fiction d'un projet qui n'est toujours pas au menu des grands programmes spatiaux d'exploration. Faute d'ambitions, de volonté politique, de moyens financiers, le programme spatial américain - la locomotive qui tire toutes les autres - reste à écrire. Et il faut chercher du côté du privé - avec Planetary Resources ou Deep space industry dont une filiale est basée au Luxembourg - pour trouver des annonces similaires à cette initiative originale. Elle devrait en tout cas interroger les agences spatiales, les investisseurs, et les ingénieurs dont les compétences seront sollicitées pour rendre crédible l'annonce de la « perspective d'un marché à court terme ». Si la ruée vers l'or fut l'affaire de pionniers, l'exploitation minière des astéroïdes suppose, elle aussi, de franchir bien des obstacles. Passer du rêve à un morceau de réalité n'est que le premier.

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