L’astronaute français Jean-Jacques Favier est mort

Jean-Jacques Favier en 1996 à l'approche de son vol dans l'espace © NASA
Sixième Français à s’être rendu dans l’espace, l’astronaute Jean-Jacques Favier s’est éteint le 19 mars 2023, à l’âge de 73 ans. En 1996, il avait volé à bord de la navette spatiale Columbia.

Parmi les dix astronautes français à avoir gagné l’espace, il est le premier à nous quitter. Le 19 mars 2023, Jean-Jacques Favier est décédé à l’âge de 73 ans. Ses funérailles ont eu lieu ce vendredi 24 mars 2023 dans la Drôme.

Né à la frontière allemande en 1949, Jean-Jacques Favier débute ses études scientifiques en classes prépa au lycée Kléber de Strasbourg. Son cursus le conduira à décrocher un double doctorat d’ingénieur (décerné par l’École des mines de Paris) et de physicien spécialisé en métallurgie (par l’université de Grenoble). Un temps chercheur au CEA (Commissariat à l’énergie atomique), il est sélectionné comme astronaute par le CNES en 1985. D’abord choisi pour voyager à bord d’un vaisseau russe Soyouz, Jean-Jacques Favier se révèle trop grand pour entrer dans la capsule ! « Je suis un des plus grands astronautes de tous les temps », s’amusait-il à dire en interview.

Jean-Jacques Favier le 3 octobre 2019 aux Journées internationales de médecine aéronautique et spatiale. © CNES/E. Grimault

Premier scientifique français

Il lui faudra finalement patienter onze ans pour franchir les portes de l’espace, sur invitation de la Nasa à bord d’une de ses navettes spatiales. Le 20 juin 1996, il s’envole avec Columbia pour la mission STS-78 en compagnie de cinq astronautes américains et un canadien. Pour ce séjour spatial de 16 jours 21 heures et 48 minutes, Jean-Jacques Favier occupe le rôle de « spécialiste de charge utile », bénéficiant de l’état d’apesanteur pour mener des expériences en physique des matériaux. Il devient ainsi le premier Français scientifique de formation (et non pilote) à atteindre l’espace. Le sixième en tout, après Jean-François Clervoy et avant Claudie Haigneré. Ce vol est le seul qu’il effectuera dans l’espace.

Jean-Jacques Favier à bord de la navette Columbia en 1996. © Nasa

Dédicace prémonitoire

Dans les dernières années de sa vie, Jean-Jacques Favier a cofondé Blue Planet, un projet d’imagerie de la planète Terre depuis l’espace, occupé un poste de professeur à l’International Space University (ISU) de Strasbourg, ainsi qu’aux Mines d’Albi, pour clore une carrière qui fut spatiale d’un bout à l’autre.

Pour ses 12 ans le 13 avril 1961, au lendemain du vol pionnier de Gagarine dans l’espace, Jean-Jacques Favier racontait à Cosmopif en 2007 avoir reçu de ses parents Le tour du monde en 80 jours de Jules Verne. « Tu feras partie de la génération qui le fera en 80 minutes », lui avait-on écrit entre les pages. Son destin était tout tracé.

 

Disponible sur notre boutique web et en kiosque (où le trouver ?)

Le Ciel & espace n°588, avril-mai 2023 avec un dossier consacré aux premières découvertes du JWST

 

Recevez Ciel & Espace pour moins de 6€/mois

Et beaucoup d'autres avantages avec l'offre numérique.

Voir les offres

Nous avons sélectionné pour vous

  • Deux Chinois sur la Lune en 2029, la date se confirme

    L’écart se resserre entre la Chine et les Etats-Unis dans course au pôle sud lunaire. Selon des officiels chinois, tous les voyants sont verts pour que deux astronautes de l’Empire du Milieu foulent le régolite en 2029. Dans le même temps, la mission américaine Artemis 3, prévue pour déposer des humains sur la Lune fin 2026, pourrait encore glisser…

  • La nouvelle voile solaire de la Nasa sera-t-elle la bonne ?

    Passé les échecs des missions NEA Scout et Gama Alpha, une nouvelle voile solaire vient de gagner l’espace. Faite d’un matériau novateur, ACS3 a pour objectif de naviguer en domptant la pression du Soleil.

  • La Nasa réussit à rétablir le contact la sonde Voyager 1… mais pour combien de temps ?

    Lancée en 1977, la sonde Voyager 1 donne des signes de faiblesse. Depuis fin 2023 les messages qu’elle envoie vers la Terre sont vides de sens. Si la Nasa a en partie réparé l’anomalie, elle bataille pour maintenir le vaisseau en vie. Il faut pour cela se replonger dans les langages informatiques de l’époque…